La mort de près est une ode à l'horreur, parce que l'insoutenable que les pauvres bougres ont vécu ces années durant mérite la plus belle des reconnaissances et qu'aucun style n'est trop haut pour leur absurde et criminel sacrifice.
Dans son style grandiose, Maurice Genevois rejoue la symphonie des balles et des obus qui sifflent des airs meurtriers que toutes les tactiques d'observation et autres intelligences de positionnement, dans ce déluge de feu, ce tonnerre, ce fracas continue que fut la première des der, ne purent jamais rendre audible. Se pouvait-il qu'il y ait un chef d'orchestre à ce tintamarre ? Au milieu des tranchées, allant et revenant du front, essuyant les mêmes meurtriers affronts, on ne vit que de pauvres musiciens qui jouèrent, comme ils purent, d'hasardeuses partitions, que d'autres écrivaient pour eux, sur des portées dont ils ne connaissaient pas même la position des lignes, et où chaque note se transformait en mine. le seul air qui pouvait en sortir était asphyxiant, assourdissant vacarme sans fin : ici, toutes les cordes cassèrent, les peaux s'éventrèrent, les voix se brisèrent, hurlées de gueules cassées, trouées, arrachées, par les détonations du fer, dans la du feu, en explosions vibrantes et pénétrantes, jusqu'aux entrailles de l'âme, livrant les hommes et Maurice au rythme sans fin et fou des affronts, alternant entre la vie et de la mort, battu au son de la roulette russe, sans cohérence, sans qu'on y rien comprenne, sans respect pour le sens, l'essence, des vies livrées, dans un immense concert... d'absurdité.
Et pourtant, on fit jouer le fifre et le tambour au milieu de cette mobilisation... qui savait qu'une clameur s'élèverait ? Et voulut faire passer les hurlements, les cris désespérés pour une chorale ? Maurice Genevois restitue le sens de ces paroles, qui résonnent encore 57 ans après, et même un siècle plus tard. Il nous les rend audibles dans un témoignage d'une troublante et profonde beauté.