Pour le coup, je suis resté bouche bée ! Rares sont les livres qui m’ont captivé, et encore plus rares sont ceux que j’ai dû lire pour les cours de français. Effectivement, La Mort est mon Métier résume bien l’ambiance macabre et pesante de ce petit bijou qui ne vous laissera pas indifférent. Plongez-vous dans la biographie du meurtrier du siècle, Rudolf Hoess (intitulé Lang dans le roman), le commandant d’Auschwitz qui fût responsable de millions de morts. Responsable ? Voilà donc tous le génie de l’écriture. Notre chère Rudolf est-il oui ou non une crapule sadique qu’on aurait imaginé en découvrant quelle terrible rôle il a tenu dans le génocide juif ? Rudolf est-il responsable ? Après tout, il n’a fait que suivre les ordres.
C’est l’histoire de Rudolf Lang qui, dès son plus jeune âge, a suivi les règles à la lettre, respectant chacun des ordres bon ou mauvais, moral ou immoral, logique ou stupide (le père qui interdit de se laver les mains chaudes, ça va loin). Mais notre petit Rudolf est un patriotique dans l’âme. Ainsi, il s’engage dans l’armée dès seize ans pour participer à la Première Guerre Mondiale. Et aussi idiot que cela puisse paraître, j’ai oublié que les Allemands avaient perdus la guerre. Ainsi, j’étais donc absorbé par le combat de Rudolf pour son pays. Puis enchaîne la misère causée par la défaite. On prend pitié de Rudolf et on prend plaisir à la voir s’élever de rang en rang. Il est heureux de servir sa patrie, et nous aussi nous sommes heureux de voir notre chère Rudolf réussir. Au point que l’on oublie toute l’horreur de ses actes. Après tout, il n’avait fait que suivre les ordres. Et puis, il nous aura quand même épaté avec ses ingénieuses trouvailles pour remplir à bien sa mission qu’est… tuer des juifs.
C’est assez terrifiant de savoir, qu’en tant que lecteur, j’ai oublié les atrocités de ces actes et je me suis rangé aux côtés des nazis. Tout cela grâce à une écriture irréprochable dû à la narration interne. Et oui, c’est Rudolf qui raconte sa vie. Et malgré le fait qu’il n’a aucune émotion, que sa seule fonction est de « suivre les ordres » et « servir la patrie », on s’attache à ce personnage. Et on s’attache, et en même temps, on est indigné, et ce livre nous donne une vraie définition de l’homme dangereux. Car Rudolf n’est pas un méchant à proprement parlé, ce n’est qu’un homme manipulé, un homme honnête qui a suivi la règle. Ce livre donne une vraie réflexion sur les ordres… sur la question « faut-il sans cesse suivre les ordres qui nous sont donnés ? ». Et c’est passionnant. C’est passionnant parce que même jusqu’à la dernière page, même jusqu’à la dernière ligne, ce chère Rudolf m’aura surpris. Deux semaines pour lire cette pépite. Autant le dire tout de suite, c’est vraiment bien qu’on nous donne ce genre de texte à lire en cours.

James-Betaman
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le 23 sept. 2016

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James-Betaman

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