La Mort est mon métier par caiuspupus
"La mort est mon métier" : un titre froid, clinique, précis, un constat qui résume bien la psychologie du personnage-narrateur Rudolf Lang, transposition à peine romancée (uniquement pour sa jeunesse), de Rudolf Höss, l'homme qui a conçu les camps d'extermination.
Ici, point de jugement moral, puisque l'on embrasse les pensées de cet homme dont l'honnêteté ne peut pas être remise en cause, puisqu'il n'a fait "qu'obéir aux ordres", en paix avec sa conscience. On assiste lentement à l'affirmation de son caractère, marqué par des étapes-clés qui l'amèneront à accomplir ce que d'autres auraient pu faire à sa place, mais qu'il a organisées lui-même, avec sang-froid et sans aucune humanité. A plusieurs reprises, il aurait pu être tenté de rejoindre le droit chemin, ou de quitter définitivement la vie. Mais le destin en a décidé autrement, et cet homme a gravi les nombreux échelons, en montrant sa capacité à obéir, sans sadisme. Juste obéir. Et les difficultés qu'il a pu rencontrer n'excusent en rien son comportement.
Cela fait réflechir sur l'être humain, et sur cette période de l'histoire qui a vu commettre les pires atrocités qui soient. Robert Merle excelle dans les descriptions, et parvient à nous faire pénétrer au plus profond de la personnalité des bourreaux. C'est ce qui fait l'originalité et la force de ce roman historique puissant, dont la lecture m'a vraiment marqué.