La Mort est mon Métier était certainement l'un des premiers bouquins qui m'avait fortement marqué. Jeune adolescent, ce livre faisait partie de ceux que l'on pouvait lire sur l'année scolaire. Je pense ne plus l'avoir relu depuis et c'est donc sous un regard totalement différent que je peux aborder cet ouvrage de Robert Merle.
Depuis, d'ailleurs, j'ai lu deux autres livres de Merle qui s'est imposé pour moi comme un écrivain de référence. L'Île était une superbe aventure et Malevil un formidable bouquin post-catastrophe qui partageait comme point commun d'étudier les hommes. La Mort est mon Métier ne déroge pas à cette règle.
Cette fois néanmoins, Merle plonge le lecteur dans l'horreur du nazisme à travers un personnage fictif, Rudolf Lang mais qui n'est que le pendant littéraire de Hoss, le véritable dirigeant d'Auschwitz-Birkenau.
Si la première moitié du livre est romancée concernant l'enfance de Hoss, la seconde partie démontre une grosse recherche historique. Merle s'étant notamment appuyé des échanges entre Hoss et un psychiatre lors de son emprisonnement.
D'une certaine manière, le personnage de Lang m'a fait penser au héros de L'Etranger de Camus. Celle d'un homme qui vit sa vie sans réellement la vivre. Sauf que Lang/Hoss est un personnage malléable, dont la seule logique est de suivre l'autorité. Pas question de remettre en question un ordre, il faut le suivre. D'une certaine manière, Merle pose donc la terrible question de la responsabilité dans ce crime qu'est l'extermination des Juifs.
Quelle part de responsabilité porte Hoss sur ses épaules lui qui a toujours été habitué à obéir à tout ? Est-ce que Himmler était bien plus responsable que Hoss ou l'était-il moins ? Est-ce que chacun partage un degré égal de responsabilité ? Et en vient finalement toujours cette question récurrente, comment aurions-nous réagi à la place de Hoss ?
En choisissant aussi de nous plonger dans la peau de Lang, cet Hoss de substitution, Merle nous plonge dans l'envers du décors. Il nous montre l'humain derrière le monstre. Il nous montre ce semblant d'humanité derrière l'horreur et la monstruosité.