Beth est morte dans un accident de voiture alors qu’elle n’avait que 15 ans et depuis elle « hante » son père – le seul à la voir- pour essayer de le soutenir. Il faut dire qu’il avait déjà perdu sa femme il y a plusieurs années alors pour lui ce second deuil semble d’autant plus insurmontable, il est plein de colère et de chagrin. Sa fille ne sait pas bien pourquoi elle n’est pas directement allée « retrouver sa mère de l’autre côté ». Elle suppose qu’elle doit aider son père à remonter la pente avant. Celui-ci est policier et elle essaie de l’intéresser à l’enquête qu’on vient de lui confier afin qu’il pense à autre chose et cesse de se morfondre. Mais cette histoire d’incendie d’un foyer de jeunes a l’air bien banale et ce n’est qu’à partir du moment où ils entendent une possible témoin, Isobel Capture, que tout va progressivement basculer.
J’ai trouvé ce roman relativement original. On est tout de suite embarqués par le ton du récit, qui est fluide et très agréable à lire. J’ai trouvé les personnages immédiatement attachants. Les chapitres sont courts et le récit se lit vite, à condition d’accepter sa dose d’étrangeté et un style parfois assez particulier. Mais ceci a une raison bien précise, le récit d’Isobel Capture semble complètement fantasmagorique, il possède un rythme particulier et raconte de façon déguisée ce qui lui est arrivé. Son récit raconte la vérité mais avec des détours, sous des atours de conte fantastique et macabre car la réalité est trop horrible à révéler toute nue. Le père et la fille vont donc enquêter en duo, une enquête très « à l’américaine » par certains côtés, qui a le mérite d’aborder en partie le sort des aborigènes d’Australie, qui sur un certain nombre de points rappelle celui des peuples autochtones au Canada. En tant qu’adulte on devine relativement rapidement une partie du fin mot de l’histoire, mais le détour original utilisé pour raconter l’horreur, la fluidité du récit et l’attachement aux personnages font qu’on prend malgré tout plaisir à lire ce roman, au-delà de l’enquête et de sa résolution. Il nous parle aussi de deuil, de la relation père-fille, de la famille en général, d’identité, tout ça en filigrane, sans que ça ne soit trop appuyé, mais ces thématiques sont néanmoins bien présentes. Ceci dit, le duo d’auteurs (un frère et une sœur conteurs issu du peuple palyku) nous réserve quand même de sacrées révélations finales qui achèvent en beauté le récit.
Dès 13 ans.
Fantastique / Roman policier
Thèmes : mort/deuil, enquête, Australie, aborigènes, viol, séquestration,
Sandra