La femme joue un rôle clé dans l'œuvre de Théophile Gautier : tantôt tentatrice, tantôt entité surnaturelle, elle incarne la figure absolue de la beauté pure. Tel le récit Omphale, La Morte Amoureuse garde cette lancée en illustrant le récit halluciné et terrible d'un jeune pasteur ayant rencontré l'amour unique.
C'est au détour d'un échange intense de regard que notre jeune homme découvre la mystérieuse Clarimonde, véritable ange à la peau blanche et aux formes fines, dont il s'éprend de suite. Mais, ayant fait vœu de servir Dieu, il ressent d'abord un profond chagrin et est dévoré d'une tentation que seul le Malin aurait pu instiller dans son esprit.
Pourtant, c'est bel et bien un amour dévorant qui l'envahit petit à petit, et alors que la mort de cette dulcinée qu'il a entre-aperçu lui déchire le cœur, il n'est pourtant pas étonné de la revoir chez lui, prête à partir à ses côtés en quête d'une vie de luxure totale.
Rapidement, le jeune pasteur devient un preux dévot le jour mais un seigneur insatiable la nuit, et ce rythme de vie schizophrènique pourrait bien causer sa perte...
Si tu veux être à moi, je te ferai plus heureux que Dieu lui-même dans son Paradis.
Cette nouvelle charnière dans l'œuvre de Gautier, longue d'une trentaine de pages, dévoile une histoire d'amour à mi-chemin entre rêve et réalité. Ce qui fait la qualité majeure de ce récit, c'est encore une fois son héroïne, dont la description déstabilisante laisse imaginer une femme d'une beauté indescriptible, tentatrice et maternelle, à l'aura impalpable et au rayonnement quasi-divin, voire surnaturel.
Si le final lâche pied dans le genre vampirique et dénote avec le reste du récit, il n'en reste pas moins que cette histoire d'amour surréaliste métaphorise très bien les premiers amours incandescents et passionnés, où la raison se perd dans un flot d'émotions nouvelles.