Dorénavant je ne lirai plus que des autrices. Voilà comment commence ce second confinement.
On nous aura vraiment tout arraché.
Notre histoire. Notre art. Notre dignité.
Nos racines. Nos vies. Nos filles.
Des siècles et des siècles à nous contrôler. Nous forcer. Nous violer. Nous marier. Nous tuer. Nous brûler.
Prises dans une boucle de violences masculines éternelles.
Je ne sais plus qui disait ceci, mais j'ai beaucoup gardé ces mots en tête durant la lecture de ce roman historique : s'il est plus que vital de découvrir les femmes de l'histoire, l'histoire des femmes et leurs révoltes, il est encore plus conséquent de découvrir leurs multiples tentatives d'étouffements par les hommes...
J'aurais tellement voulu lire ce roman adolescente, je l'aurais lu en une seule nuit, peut-être deux, planquée sous ma couette avec une lampe de poche, happée par cette belle communauté de femmes, ignorant complètement mon test de math du lendemain première heure. J'aurais également gagné beaucoup de temps dans ma vie d'adulte, inspirée par cette force sororel et ces savoirs anciens. J'aurais également pu le prêter à ma grand-mère, véritable personnification de Ysabel...
Il y a peu de place pour le regret dans ma vie, à part celui dardant d'un monde d'homme fait par les hommes pour les hommes. Même en retrait, vous ne nous laissez pas vivre en paix.
Je ne peux pas m'empêcher non plus de faire l'analogie entre le (véritable!) destin de Marguerite Porete et son "Miroir des âmes simples" et le backlash actuel de Alice Coffin et son "Génie Lesbien". 600 années plus tard, les hommes persistent et signent à abandonner leur propre humanité.
La colère gronde.