Juillet 2001 : un sommet du G8 doit se tenir à Gênes, sous la présidence de Berlusconi, nouvellement réélu pour la seconde fois comme Président du Conseil. Doivent participer à ce sommet Jacques Chirac qui affronte une cohabitation avec le PS, Schröder (l'allemand), Georges W. Bush (l'américain), Koizumi (le japonais), Chrétien (le canadien), Tony Blair (l'anglais) et le déjà présent Poutine. Il y a aussi Prodi, le président de la commission européenne. Tous doivent se retrouver au coeur de la zone rouge dans le palais ducale du président italien.
Autour de ces maitres du monde, il y a tout un aéropage de responsables italiens qui se répartissent les tâches au sein de la police, des forces spéciales, de la justice, de la mairie de Gênes... Et il y a Franco de Carli, conseiller à la sécurité de Claudio Scojola, Ministre de l'Intérieur. Et ce conseiller est inquiet. Le précédent rassemblement de Göteborg aux Pays-Bas s'est très mal passé, faisant suite au sommet de Vancouver au Canada, lui-même ayant fait l'objet d'un désastre.
Les altermondialistes se sont donnés rendez-vous pour tenir un contre sommet. 300 000 personnes de toutes nationalités et de tous mouvements réactionnaires seront présents : de ATTAC, en passant par la LCR française, les Tute Bianche italiens, les Désobéissants, le mouvement Refondation d'obédience communiste, les syndicats comme le Cobas, les anarchistes, et bien sûr les black block...
La Nuit tombée sur nos âmes est construit comme un polar avec des personnages issus de chaque camp, de chaque groupe, qui vont se confronter, s'opposer, ou s'aider pour tenter de passer cette étape de la moins pire des façons.
On croise Lamar, qui a intégré le staff communication-opinion de l'Elysée. C'est un trouillard, qui ne sait pas ce qu'il fait à Gênes.
Puis les flics Martinez et Cazalon, deux flics chargés de s'introduire au sein des groupes activistes pour servir d'indics.
Parmi ceux-ci, il y a Wag et Nathalie... Ils sont là pour en découdre.
Tout avait été prévu, ou presque. Mais voilà, lors de l'une des premières manisfestations, un jeune activiste, Carlo Giuliani, est tué d'une balle dans la tête tandis qu'il menaçait un policier avec un extincteur.
Au fil des jours, les événements vont déraper. Tandis que les manifestants s'en prennent aux biens (banques, voitures, commerces...), la repression policière s'intensifie jusqu'aux événements odieux et contestables de l'école Diaz, où plusieurs centaines de manifestants seront arrêtés, battus, humiliés, blessés, puis condamnés pour certains à de nombreuses années de prison.
Pendant ce temps, les forces de l'ordre seront blanchies ou exemptées de peines ou de sanctions...
Moins de 2 mois plus tard, se déroulaient les attentats du 11 septembre...
Voici un livre rare qui ne laisse pas indifférent. Particulièrement bien documenté, on est plongé au coeur des événements par Frédéric Paulin, en suivant les personnages au
fil des situations. On découvre leur ressenti, leur colère, leur manipulation, leur émoi, voire leur rancoeur. On est porté par un suspense au couteau qui ne vous lâche pas jusqu'aux dernières pages. Et on referme ce livre, presque exténué et plutôt dépité par tant de haine, de violence, et surtout par cette déplorable désinvolture et odieuse manipulation des politiques, avec en tête un Chirac peu recommandable.
Un livre que je vous conseille absolument !