Agréable et dépaysant, un livre parfait pour l’été !
La nièce est métisse, vit à Créteil et de ses racines guadeloupéennes, elle ne sait que peu de choses. Elle va donc recueillir la parole de ses deux tantes (Antoine et Lucinde) et de son père (Petit -frère). Le récit alterne
entre ces trois voix et plus rarement avec celle de la nièce. C’est chronologique, on voyage de 1947 à nos jours.
Là où les chiens aboient par la queue c’est le surnom donné au village où tous sont nés, près de Morne Galant et où habite encore le père, Hilaire. Là aussi où vient en vacances la nièce qui ne comprend pas trop cet endroit…
Dans leurs paroles nous est restituée la Guadeloupe d’alors, mais leur vision du monde est différente voire opposée. Même si les trois frères et sœurs ont la même trajectoire (Morne Galant / Pointe à Pitre / Paris) chacun a son moment, son endroit où il fut vraiment lui-même et qu’il décrit avec le plus de fougue…
Pour Antoine et son magasin, c’est tout Pointe à Pitre qui s’offre à nous : ses beaux quartiers et ceux plus populaires, son marché, son port, toute une frange d’habitants puis l’exode d’une partie de la population avant la transformation de la ville.
Avec Lucinde, on rêve encore des Blancs Matignon (békés pauvres) pour lesquels elle oscille entre jalousie et admiration.
Petit-Frère se réalisera pleinement dans la banlieue parisienne des Trente Glorieuses où le travail est facile et le combat syndical exaltant.
Pour les trois, le monde auquel ils sont attachés est toujours un monde sur le point de disparaitre.
J’ai eu un petit faible pour Antoine, au style si coloré mâtiné de créole ; pour son histoire haute en couleurs faite de départs car elle a tout d’une aventurière ; Pour sa débrouillardise avec sa manière de toujours trouver une astuce quitte à devenir maquerelle mais en priant Dieu trois fois plus ! C’est son regard qui rend le livre souvent si drôle, même et surtout quand la situation ne l’est pas…
Mais l’ensemble des récits de ces trois là qui ne se sont jamais ni bien entendu ni bien compris montre aussi ce que peut être une famille avec ses secrets, ses rancœurs, ses visions troubles et au-delà de tout cela un amour persistant.
Roman au réalisme magique par moment qui est aussi un hommage aux particularités de la Guadeloupe d’alors qui tend maintenant à s’uniformiser … C’est un roman agréable à lire avec son style fleuri et sa première personne qui lui permet d’être tour à tour tendre, naif, sentencieux ou mesquin mais toujours vrai.
Ce n’est pas Chamoiseau ou Glissant et leur réinvention d’une langue franco-créole magnifique et singulière mais c’est un livre intéressant et plaisant à lire.