Construit au départ comme une enquête policière classique avec un tueur en série comme « méchant » un peu trop évident, « La part du mort » prend ensuite progressivement des atours autrement plus séduisants en dévoilant une intrigue incroyablement complexe et alambiquée pour amener le lecteur sur les traces du passé douloureux de la guerre d’Algérie.
Khadra ne choisit donc pas la facilité en se mesurant à l'Histoire, aux massacres commis par le FLN après le retrait des troupes françaises, massacres touchant aussi bien les harkis que des populations civiles simples victimes collatérales d’une machine à tuer devenue incontrôlable.
Le romancier excelle à décrire la corruption qui gangrène les hautes sphères du pouvoir et de la fonction publique d’un pays qu’on sent aimé malgré tout d’un amour infini.
Outre le fond particulièrement riche et dense, le style de Khadra se distingue par le développement de sublimes descriptions, que ce soit dans l’environnement urbain de la vie à Alger ou dans des villages plus ruraux, ces descriptions contrastant avec des dialogues quelques fois abrupts destinés à mettre en lumière le fort caractère d’un commissaire incorruptible qui ne cède devant personne.
Part son talent, Yasmina Khadra nous permet donc de connaître et de comprendre l’Algérie dans ce qu’elle a de plus beau, de plus attachant mais aussi parfois de plus inquiétant ou de désespérant.
Fort de ces innombrables qualité, on comprendra aisément que pour moi « La part du mort » demeure sans nul doute l’un des meilleurs romans policiers jamais écrits.
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