Roman introspectif centré sur un héros viril mais pas macho, séduisant mais pas dragueur, aisé mais pas nanti, chic mais pas snob, taiseux mais pas mutique, solitaire mais pas misanthrope, hétéro mais pas homophobe etc. etc. Bref moi en beaucoup mieux, mais rongé par une insatisfaction existentielle due à un drame enfoui dans le passé (pas mal trouvé pour un type qui exerce le métier de psychanalyste, non ?), lequel drame va nous être révélé par bribes, façon puzzle, au fil d’un séjour initiatique dans une île japonaise authentique dégotée par un pote travaillant plutôt à Voyageurs du monde qu’au Guide du routard. Les romans où l’on nage sont à la mode, paraît-il ; notre héros, lui, nage avec une raie géante (pas mal trouvé pour un lacanien installé à l’île de Ré, non ?). Quant à l’écriture, elle est d’une volatilité qui ne manquerait pas de charme si des formules sentencieuses chargées de sapience existentielle ne venaient régulièrement la plomber : «Retournés à la matière, même les objets peuvent perdre leur sens.», «C’est dans le « presque » que tout se joue. Toujours.», «Le premier cri de celui qui vient au monde c’est la première trahison du silence.» etc. etc.