Fatima Daas est la benjamine d’une famille qui compte deux sœurs aînées. La plus jeune, celle à qui on ne s’attendait pas, arrivée 7 ans après la cadette, qui doit trouver sa place, qui aurait dû être un garçon. Élevée dans une famille d’origine algérienne et de confession musulmane en banlieue parisienne, à Clichy-sous-Bois, Fatima doit composer avec des parents et un environnement très fermés qui ne laissent pas de place aux sentiments. Ne parlons pas de la sexualité.
Fatima est une enfant puis une jeune fille perturbée et instable, sujette à des crises d’asthme très forte. Fatima étouffe, au sens propre comme au figuré entre sa famille, l’école, la maladie. Et Fatima va bientôt découvrir que ce ne sont pas les hommes qui l’attirent mais bien des femmes dont elle est amoureuse.
Ce premier roman autobiographique est une revendication. Celle d’une identité, d’une religion, d’une sexualité, d’une place. En commençant chaque chapitre par « Je m’appelle Fatima » ou « Je m’appelle Fatima Daas » l’auteure martèle cette identité et donne un rythme musical à son récit.
Ce texte dégage à la fois une grande puissance, habitée par un esprit de révolte, mais aussi beaucoup de sensibilité malgré la volonté qu’on sent farouche chez Fatima Daas de se défendre de cette douceur comme si elle pouvait être un aveu de faiblesse, comme s’il fallait contenir un trop plein d’émotions qui risquent de déborder.
L’auteure possède indéniablement un style (direct), une plume (incisive), un univers (riche). On la devine bercée par un mélange de littérature classique et de rap, comme une double identité d’écriture parfaitement assumée en écho à une personnalité complexe, écartelée entre ses envies de liberté et son respect religieux et filial.
C’est rythmé et percutant, construit en phrases courtes comme autant de punchline qui décrivent la vie, l’amour, la quête de soi.
Je suis curieuse de voir ce que donnera la suite et quel second roman Fatima Daas pourra nous proposer.