Les vacances d'été riment avec Pagnol et son accent du midi. J'aime retourner à des auteurs qui ont mobilisé les énergies de l'enfant-lecteur que j'apprenais à devenir. Dire Pagnol, c'est comme dire Marius, Fanny, César ou la gloire de mon Père, le château de ma mère ou le temps des secrets. C'est aussi la fille du puisatiers, topaze et d'autres, et d'autres encore... Cette année, je me plonge dans la relecture d'une oeuvre de jeunesse de Pagnol, en tous cas, une de ses premières plumes. La petite fille aux yeux sombres ne me révèle pas le grand Monsieur Pagnol que j'ai côtoyé bien des fois, dans les livres ou sur les scènes. Elle me le laisse cependant deviner. Ecrit en 1920 et publié un an plus tard, ce roman relate l'histoire d'un jeune homme entouré de ses deux amis. Comme bien des adolescents (bien que la notion même d'adolescence n'existait pas à l'époque, ces trois enfants, en passe de devenir des hommes, aiment prétendre que l'amour n'existe pas et que les filles, ce n'est pas intéressant! Mais quand Jean en croise une tous les jours, qu'il devine, capte son regard et la tristesse qui s'y fond, est-il encore maître de ses propos, maître de l'amour?
Avec la maladresse et la peur, la honte de s'engager aussi frontalement que ce que feraient les jeunes de notre temps, Jean va découvrir cette fille aux yeux sombres et s'en approcher grâce à la complicité de son ami qui ira la trouver pour l'informer des troubles et émois qu'elle provoque en Jean. Je l'ai dit, l'écriture n'a pas encore le panache q'on connaîtra par la suite chez Pagnol et que tant de comédien ont mis en valeur sur scène ou au cinéma. Mais le temps, très court, consacré à la lecture de ce livre reste plaisant et, à ma manière, ce temps consacré rend hommage à la plume qui s'est exercée à devenir ce qu'elle fut! Merci Monsieur Pagnol!