The world had teeth and it could bite you with them anytime it wanted.

J'avais lu ce court roman au collège et l'avais beaucoup aimé, c'était dans la même période que Cujo. J'ai donc décidé de relire ces deux histoires, n'étant pas bien longues je pouvais me le permettre.

C'était donc il y a bien bien longtemps, lorsque je n'avais pas encore de liseuse électronique et que j'utilisais encore ce qu'on appelait une "carte de bibliothèque" (l'année dernière, si vous voulez du précis). Dans les rayons de la section SF/Polar de la bibliothèque donc, il y avait ce petit livre de pas plus de 200 pages, qui ne semblait pas être à sa place. Entre Insomnie et Dreamcatcher, le petit livre de poche se cache, comme s'il ne devait pas être là. Et pourtant, même s'il ne correspond pas totalement au schéma habituel de narration de Stephen King, ça reste l'un de ses plus grands crus.

Le personnage principal, Trisha, a neuf ans, ses parents sont séparés et tente à elle seule de réconcilier sa mère un peu dépassée avec son grand frère qui lui mène la vie dure. Alors qu'ils se promènent dans une forêt du Maine (where else?), Trisha fait une pause pour s'évader un moment des incessantes disputes familiales. Séparée de sa mère et son frère, elle tente de retrouver son chemin mais finit immanquablement par se perdre.

Avec une volonté déterminée, que Stephen King parvient à rendre totalement crédible de la part d'une petite fille de neuf ans, Trisha se lance dans cette aventure de retrouver le chemin du retour. Son seul lien avec la civilisation étant un Walkman qu'elle chérit plus que tout. A force d'écouter un match des Red Sox, elle commence à imaginer que son joueur favori, Tom Gordon, se met à lui parler.

Plus le temps passe, et plus le jour laisse place à la nuit, Trisha se met à réaliser que quelque chose d'autre se trouve dans les bois avec elle, et que cette chose s'intéresse de très près à cette petite fille perdue. Elle n'a pas de nom pour ce quelque chose et commence à l'appeler "la Chose" dans son esprit, qu'elle finira par reconnaitre en tant que Dieu des Egarés. Petit à petit Trisha sombre dans le sombre monde de l'imaginaire où Sai King aime tant à y jouer. Elle voit des ombres dans la nuit, sent un souffle dans son cou, mais le lecteur ne parviendra jamais tout à fait à savoir si ces choses sont réelles ou si elle viennent de l'imagination d'une petite fille, décuplée par la nuit et la peur.

Très vite la barrière entre la réalité et les hallucinations est levée, et Tom Gordon cesse de n'être qu'une voix dans le Walkman mais devient "réel", et aidera Trisha à faire face à ce cauchemar. Il lui donne le courage et la force de continuer là où toute seule elle voudrait abandonner.

Stephen King nous livre ici un véritable tour de force en racontant l'histoire presque uniquement du point de vue de Trisha. Il triche quelques fois pour prendre à part le lecteur et lui apprendre ce qu'il se passe dans le monde extérieur, mais ces pauses sont rares et espacées. Le lecteur est coincé avec la petite fille, perdu dans les bois, ne sachant pas si Trisha sera finalement sauvée ou si son destin est beaucoup plus sombre.

Plus qu'une histoire d'horreur, c'est un conte sur la survie et le combat contre des forces de la nature quasiment indestructibles et sans merci. La Petite Fille Qui Aimait Tom Gordon n'est pas le roman le plus célèbre du King, mais il est très intimiste et facile d'accès. Un conte merveilleusement raconté.

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le 23 janv. 2012

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