La porte de Limbreth est le troisième tome du cycle de Ki et Vandien écrite par Megan Lindholm, alias Robin Hobb de l'Assassin Royal, et on y retrouve en conséquence bon nombre de traits marqués dans l'écriture de l'histoire comme des personnages. Cette série est de manière générale bien moins connue que l'Assassin royal... sans doute parce qu'elle n'y traite pas d'assassin. Bien que fan de cet oeuvre également, j'incite tout lecteur de fantasy lassé des histoires "traditionnelles" du genre à s'attaquer à Ki et Vandien qui à une approche assez distincte de la fantasy "classique".
Tout d'abord l'histoire :
La voyageuse Ki et son compagnon de déboires Vandien se retrouvent séparé lors d'une halte paisible, et ce rien de moins que par une porte entre les mondes ! En effet, certaines puissantes (et arrogantes) Ventchanteuses ont décidées de se débarrasser de Ki une fois pour toutes en l'expédiant dans le Limbreth : un monde d'apparence paisible, nageant de le bonheur qu'apporte l'eau droguée de ses rivières. Rendus pacifiques, heureux et surtout dociles, les voyageurs imprévus du Limbreth se retrouvent rapidement esclaves de la volonté du maitre de ces lieux. Cependant, Vandien et sa tenacité légendaire ont bien l'intention de retrouver Ki pour la ramener. Même s'il faut pour cela franchir une porte infranchissable entre les mondes et s'aventurer là d'où nul n'est jamais revenu !
Pendant que nos héros malgré eux se débattent avec leur problèmes, Rebekke, la Venchanteuse du tome précédent veille au gain ; toujours aussi décidée à restaurer la puissance (bienveillante) de son ordre de magicienne, elle est confrontée à la rivalité de ses collègues Venchanteuses, y compris celle qui à expédiée sa protégée au Limbreth.
L'équilibre entre les monde doit être préservé, et si des voyageurs franchissent la porte dans un sens, d'autres victimes doivent le faire dans l'autre. Enfin si ces voyages magiques entre les mondes sont remarqués par les Arbitres, les sanctions pourraient être dramatiques.
J'ai bien apprécie La Porte de Limbreth, qui est moins sombre (dépressif) que le premier tome, mais avec de plus grand enjeux que le deuxième. On y retrouve des personnages torturés par leur passé, leurs liens parfois difficiles à rompre ou à maintenir. Au sens strict du terme c'est le roman du cyle avec le moins d'actions, mais c'est aussi selon moi celui ou les subtilités des personnages et de leur caractère sont le mieux représentés. C'st également celui où l'intrigue est la plus répartie entre différents personnages, n'hésitant pas à changer de point de vue pour accentuer le dépaysement.
Comme tous les libres de l'auteure, les personnages sont tourmentés, le style dépeint très bien l'ambiance et l'avalanche de problèmes et dilemmes moraux, et j'ai apprécié d'avoir un meilleur background sur de nombreux points du passé des personnages, donnant tout leur sens à des coups apparemment hasardeux du destin dans les premiers tomes. Seul défaut du livre selon moi, Ki perd ici une part non négligeable de son caractère fougueux habituel, ce qui est bien dommage.