On connaissait l’univers des mines à travers les yeux d’Émile Zola, mais on est ici loin de Germinal. La narratrice, Madeleine, est fille, puis femme et enfin mère de mineur. Avec détails et sincérité, elle dresse un portrait intense de sa vie, de l’aube du XXe siècle aux années 1960. Grâce au style simple et sans fioriture, on découvre la vie des mineurs au début du siècle, la dureté des conditions de travail, les accidents, les coups de grisous, les premières grèves. Mais ce qui donne à ce roman une dimension unique, c’est le regard que porte une femme sur cet univers. Madeleine voit son père partir, chaque matin, et revenir le soir, le visage noirci de charbon, le dos voûté par une journée au fond de la mine. Elle voit son ami Charles, encore adolescent, endosser à son tour le costume de mineur et y perdre son insouciance. Elle découvre, entre les murs en briques rouges des corons, qui concentrent les joies les plus intenses et les peines les plus profondes, l’intensité d’une vie rythmée par le son d’une sirène et les allers et retours de l’ascenseur. Devenue mère, elle voit à son tour son fils de 14 ans quitter son enfance en descendant à la mine. Dans ce presque huis clos formé des corons, Madeleine fait l’expérience des inégalités sociales, et lutte chaque jour contre une certaine forme de déterminisme. Mais il ne faut pas s’y tromper, « La poussière des Corons » n’est ni un roman historique, ni un documentaire sur les mines, c’est avant tout plusieurs histoires d’amour et d’amitié, pétries d’émotion et de sincérité. Âmes sensibles, ne pas s’abstenir !