Jamais dans ma vie, je n'ai ressenti un sentiment d'accomplissement aussi intense qu'au moment où j'ai lu le dernier mot de ce qui est le pire livre qui m'ait été donné de lire. J'ai longtemps réfléchi à lui donner ce titre de bouse ultime, mais la longueur du récit a consolidé définitivement sa première place. J'en ai des trucs à dire, je vais essayer d'être concis.
Premièrement, je pense que le principal défaut de ce livre, qui est une erreur grossière de stratégie, est qu'il ne sait pas à qui il s'adresse. Je m'explique. Dans ce 3ème tome, le style diffère sans véritable raison, des 2 premiers tomes. Ce livre contrairement au 2 premiers suit clairement les codes du roman pour ado, voire même pour 11-13 ans. Seulement, la taille du livre n'est pas cohérente avec le lecteur ciblé. 670 pages, ça fait beaucoup pour ce genre de littérature. Puis, on y parle pas mal de sexe, on le mentionne discrètement, on y revient de manière subtile, puis jusqu'à aller foutre la jeune héroïne à oilpe, parce que ça la démange... Voilà, ce livre n'a pas été vendu comme roman jeunesse, et à la lecture des premiers livres, je n'avais pas signé pour ça.
Donc puisque ce livre ne s'adresse finalement pas aux personnes concernées, je serai sans pitié.
Pour commencer, ce livre reprend le principal défaut du livre précédent et le multiplie de façon exponentielle. La réalité n'a plus aucun sens. On la tort, on l'étire, on la torture pour faire avancer un scénario totalement absurde. On nous vend une héroïne rebelle, complètement larguée partout, qui se désintéresse complètement de l'école mais qui, comme par hasard a lu Freud de a à z. Elle se fait humilier par ses petits camarades et même par ses profs : "Mlle Pinson, je sais bien que votre père est mort, mais cela ne change rien aux loi mathématiques"... On résout des énigmes à base d'allumettes en cours de math, avec au passage absolument aucun lien avec de quelconque loi géométrique, non, on va étudier les dimensions, la pyramide a 3 dimensions puis on étudiera le temps, qui permet de "savoir où quand comment comment ce qui a eu lieu dans le passé et l'avenir", en cours de math, bien sûr. Puis la petite Julie avec plein de répartie et d'intelligence répond, "vous nous enseignez une matière qui ne correspond à rien de pratique dans la vie". Werber essaye de nous vendre une vision eco+ du conformisme. Oui, on apprend les maths alors qu'on devrait apprendre à planter des choux, c'ets plus utile. Tu diras ça au department finance de ta maison d'édition qui en faisant des prédictions mathématiques des ventes ont donné le feu vert pour faire publier cette bouse. Un peu moins conformiste pour le coup.
J'ai tellement d'exemple d'absurdités que je suis frustré de ne pas pouvoir tous les mettre. Je vais en faire une liste non exhaustive chronologique:
Le préfet qui se rend à un dîner pour célébrer un jumelage et vient à parler d'un fou qui s'intéresse aux fourmis. Médecin légiste qui fait une autopsie après une mort par choc anaphylactique causé par une piqûre d'insecte, et le commissaire qui vient chercher les résultats directement dans le labo en tapant la causette. La révolution au lycée (j'an ai sauté beaucoup je sais). Le combat absurde avec les CRS!, les révolutionnaires "pacifiques" qui agressent les CRS avec des tuyaux d'arrosage. (je réalise qu'il y en a trop). La création d'entreprises Internationales administrativement en 24h et leur fulgurant développement en 72h. Ces dites firmes complètement absurdes, un lycéen qui s'improvise architecte, une autre qui code une IA du 4ème millénaire, un autre qui fait de la chimie folle avec un bec benzene et du miel (le tout en 72h messieurs dames).
Puis l'apothéose, le procès des fourmis. Je pensais qu'on avait touché le fond depuis un bon moment, mais dans la scène finale, le commissaire insipide fait un genre de skype et dit plus ou moins "oui, alors j'ai fait un personnage fourmis sur SIMS et le bonhomme a mal tourné alors faut raser une forêt, mais vous inquiétez pas, j'ai mis des explosifs partout."
C'était long hein? Mais 670 pages d'absurdités, c'est courir un marathon pied nu sur une rivière de lego.
Au delà de ça, les personnages sont sans finesse, débiles et caricaturaux au possible. La jolie fille un peu coincée qui devient anarchiste. Un commissaire exécrable avec sa famille qui s'enferme pour jouer au jeu vidéo et qui balance des infos confidentielles à un ordinateur sans se poser de questions. Un harceleur fasciste qui essaye de violer le personnage principal et tue son chien avec un flingue. Bref les personnages sont insupportables, on ne s'attache à personne ce qui détache encore plus le lecteur de l'histoire.
Puis enfin le style est exécrable. Les codes du roman ado omniprésents, à ce demander si c'est Werber lui-même qui a écrit ce livre. Ainsi, comme dans tous les romans jeunesse, les personnages mangent "goulument" ou avec "avidité" ou "rapidement", bref on est face à des ados décrits par des boomers. "les ados ça mange beaucoup et c'est grognon et ça écoute du ROCK!!!". Et l'impardonnable selon moi c'est l'utilisation omniprésente de listing. Qu'est ce que le listing pouvez vous me demander? Le listing est une manière absolument non subtile de remplir un roman, de faire de la page en énumérant une liste de choses diverses sans rien apporter au scénario, exemples: 3 fois!!! dans le roman ont décrit les chaînes qui défilent lorsque que la fille du commissaire zap, pas une ou deux chaînes non, mais 7!!! et 2 fois 7 chaînes! On va décrire aussi, TOUS les déguisement des 7 nains et de Julie. Un passage de l'encyclopédie donne la signification (complètement absurde) des 10 premiers chiffres (oui, 10 inclus). Ou la description des 7 filières SARL de la révolution des fourmis, et ce n'est que quelques exemples.
Bref, ce roman est un chemin de croix, une torture violente de la raison même. Je n'arrive pas à comprendre que des maisons puissent publier ce genre de bouse.
Bref si vous voulez des exemples, j'ai pris des notes, j'en ai un sac plein.
J'ai achevé la trilogie, mais à quel prix? seul le temps me le dira.
Mes respects