A perdre haleine
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Cédric Sire possède, sans nul doute, une belle plume dont il se sert pour captiver le lecteur dans ses filets et l’entraîner dans un monde abject de violences et de querelles d’ego. Que ce soit l’ultra violence tapie sous le couvert du Dark Web ou celle, plus insidieuse peut-être, qui hante certains membres de la police prêts à tout, y compris aux manipulations de la vérité, pour confondre les coupables ou écraser les collègues, la violence est partout dans ce thriller. A la lecture des premières pages, j’ai hésité à poursuivre mon insertion dans ce monde de folie.
Pourtant, j’ai continué et j’en suis heureux. L’écriture de Cédric Sire est addictive. Son roman, très bien construit, pousse le lecteur à assembler les différentes pièces du puzzle sur base des indices que laisse percoler l’auteur à travers les personnages qu’il affine de chapitre en chapitre. Le lecteur rentre dans un monde qui le dépasse. Il s’approche d’une compréhension de la psychologie complexe des protagonistes. Il souffre avec les victimes, se prend pour justicier en compagnie de ceux qui les traquent et accepte, au vu des émotions ressenties, que face à la violence extrême, les chevaliers blancs de la traque s’accommodent de quelques débordements et déplacent les limites procédurales. Car, à tout prix, n’importe quel prix, il faut anéantir ces marionnettistes prédateurs qui gèrent cette red room qu’est La saignée.
La traque monte en puissance, la quête du coup d’éclat bascule alors dans la tête du chef d’enquête et passe du champ d’honneur aux champs d’horreurs où tous les coups sont permis pour autant que l’ego en sorte démesurément grandi. Et peu importe la facture et qui la paiera !
Ouvrir La saignée, sorti chez Fayard le 29/09/2021, c’est entrer dans la violence et perdre tous ses repères dans la lutte contre celle-ci. C’est prendre et donner des coups au point d’en perdre toute vigilance et de ne plus trop remarquer que, in fine, le scénario est plutôt cousu de fil blanc et que trop de coups d’aubaine tombent, comme par hasard, au bon moment pour projeter l’enquête dans de nouvelles dimensions. C’est, on est d’accord, la loi du genre… mais si le cadre de la violence n’était pas aussi démentiel, accepterions-nous aussi facilement les opportunités de scénario que l’auteur nous fait avaler ? A chacun d’en décider. La Saignée est et restera quoi qu’il en soit, un bon roman qui prend aux tripes, dérange et attire, à l’image de l’ambiguïté humaine des lecteurs sans doute.
Merci à NetGalley France et aux éditions Fayard pour leur confiance.
Créée
le 31 oct. 2021
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