UN LIVRE TERRIBLE
"La scierie" pour moi fait partie de ces livres ( romans ?)"ouvriers" qui ont une allure autobiographique, témoignage de vécu d'une dureté difficile à connaître d'une autre manière. Surtout très...
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le 31 juil. 2024
"La scierie" pour moi fait partie de ces livres ( romans ?)"ouvriers" qui ont une allure autobiographique, témoignage de vécu d'une dureté difficile à connaître d'une autre manière. Surtout très loin de nos auteurs bien parisiens sortis du 6eme arrondissement. J'avais lu "A la ligne" de Joseph Ponthus" ouvrier dans une conserverie de poisson, "l'homme qui penche" ou "le journal d'un manoeuvre" de Thierry Metz qui a marné dans la bâtiment, aussi "le grand marin" de Catherine Poulain qui a péché dans un chalutier au large de l'Alaska. Des gens qui en ont chié, a la limite du supportable, de l'inhumain. "La scierie" est le témoignage anonyme d'un certain François (deux fois ce nom est évoqué) qui a raté son bac en 1950, genre fils de bourge, qui va gagner sa croûte avant de faire son service militaire. On ne sait rien de lui. C'est un manuscrit totalement anonyme qui a été remis 20 ans après son écriture à Pierre Gripari, auteur plutot "jeunesse" qui l'a gardé des années, hésité à le faire publier plutot que de le détruire.
Ecrit à la première personne, c'est une sorte de journal de bord d'un mec de 18 ans qui s'est fait embaucher dans une scierie par très loin de Chambord. On est très très loin de la vie de château. Il part tous les matins à vélo pour une scierie ou il retrouve des ouvriers. Les travailleurs sont des gros durs, des bêtes parfois aux coeurs tendres qui puent parce qu'ils ne se lavent pas, transpirent, sont couverts de sciure et de résine, manient à pleins bras des grumes énormes, jusqu'à sept mètres de long, bouffent mal, dorment très peu, sont mal payés, se détestent, se font des sales coups et aime ce qu'il font. Bien sûr le sang coule à flot, les bouts de doigts, les morceaux de phalanges disparaissent sous les scies circulaires. C'est dur, viril, couillu, animal, grossier, inhumain. C'est le bagne. On appelle la scierie "buchenwald" Je n'en dit pas plus. Et c'est super bien écrit. J'ai du mal à croire que c'est l'oeuvre d'un gamin de 18 ans. Mais peu importe. J'ai dévoré. Ca ferait un film génial.
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le 31 juil. 2024
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