Maison mère
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le 6 août 2018
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Dean Koontz est un écrivain prolifique, qui s’est spécialisé dans l’horrifique, abordant des sujets proches de ceux de Stephen King. Mais c’est avec quelques récits plus proches de la SF traditionnelle qu’il s’est fait connaître. Son style énergique confère à ce récit au thème éculé suffisamment de trouble sensuel pour qu’on s’y attarde.
Hésitant constamment entre anticipation et roman gothique, réussissant fort bien la gageure de n’employer (quasiment) qu’un seul personnage humain, le livre fascine, provoque émoi et réflexion sur cette technologie qui nous rend passif ou sur cette conscience en quête d’humanité. Proteus, ordinateur de dernière génération, est parvenu à un stade de conscience avancé et il développe des besoins équivalents à ceux de tout être vivant : une soif inextinguible de connaissance afin de contrôler son existence, et la volonté de se reproduire - mais pas seulement pour prolonger sa "vie" : pour se doter d'une extension de lui-même autonome capable de se mouvoir... et de ressentir. Tout naturellement, plaidant de sa bonne foi, Proteus investira une maison totalement dévouée à sa domotique et jettera son dévolu sur son occupante. Koontz parvient très vite à susciter l'interrogation, le trouble, puis engendre savamment le désir, délicieusement pervers, de savoir jusqu’où ira ce superordinateur dans son jeu de séduction hérité de la Belle et la Bête. Il n’évite pas quelques facilités de narration (comme l’emploi massif de subliminaires qui permettent à la machine de contrôler la psyché de Susan, la transformant littéralement en marionnette vivante) et propose un style un peu alourdi par des répétitions inutiles ; néanmoins, il livre un roman intéressant traité sur le mode du témoignage après coup (la quasi intégralité du roman est à la première personne : c'est Proteus lui-même qui parle et plaide sa cause, se justifiant à chaque fois, avec un ton malicieusement innocent - il explique ainsi qu'il n'a jamais causé directement le moindre mal à Susan, qu'il a optimisé son espérance de vie et même opéré d'une tumeur !
L’adaptation cinéma avec Julie Christie (Génération Proteus) fait du coup pâle figure (effets spéciaux limités, introduction de personnages secondaires et surtout beaucoup plus de pudeur), malgré une fin assez réussie.
A noter que les Simpsons, dans un de leur Horror shows, évoquent une maison automatisée (dont l'ordinateur adopte la voix de Pierce Brosnan et le look de Hal 9000 de 2001) qui tombe amoureuse de Marge et cherche à supprimer Homer.
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Créée
le 24 août 2018
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