Je ne connais hélas pas l'oeuvre de Barnes, donc il m'est difficile de placer ce roman dans le reste de l'oeuvre de l'auteur.
Cependant, il m'a semblé voir dans cette oeuvre une sorte de sous-Ishiguro:
Julian Barnes a une belle langue, de jolis mots et tournures, j'aime son style d'écriture, mais ici, alors qu'il tente de restituer une histoire d'amour en touches de souvenirs, avec cette interrogation constante de la validité des souvenirs (constante des romans d'Ishiguro), on finit assez vite par s'ennuyer, leur amour de la première partie de suffisant pas complètement à nous (ou tout du moins me) garder accrochés. Car malheureusement, même si l'on s'attache un peu au narrateur, à Susan (et surtout) à Joan, le découpage et la narration s'essoufflent vite. C'est dommage, car cette esthétique de la personne qui s'éloigne de la première personne est très intéressante ! L'expérience nous éloigne-t-elle de notre personne intérieure ?
Suis-je le seul à trouver que la caractérisation reste un peu trop réduite ? Si bien que même si l'on comprend l'amour liant les deux héros, Susan ne survit pas dès la deuxième partie entamée. Sa personnalité est tellement effleurée que son anti-conformisme, son intelligence et son humour ne semble exister que parce que le narrateur nous le dit. Susan devient rapidement une coquille vide. Ce que je trouve fort dommage, car cette only story ne s'intéresse finalement qu'aux hommes et à leur façon de s'approprier les femmes.
Seuls Gordon et Paul sont traités avec un peu de relief, si bien que l'histoire d'amour entre Paul et Susan oublie un peu trop de parler d'amour.
En bref, une impression d'être un peu passé à côté d'une oeuvre qui eût pu être beaucoup plus forte...