C'est une bien sombre comédie sur la justice.
Les actes élargissent le champ, rendant la justice de plus en plus petite face à l'opulence du pouvoir, pour revenir à l'infiniment petit : les sentiments humains.

Au départ ce sont ces ménages qui se réjouissent de voir des têtes tomber, ils font bien leur travail, ils parlent bien, ils sont heureux, les affaires marchent et les honneurs pleuvent.
Puis c'est le revirement de situation et c'est tout ce petit monde qui se retrouve pris au piège par les liens malfaisants ou hypocrites (terme qu'on attribuait aux acteurs cachés sous des masques) qui se sont tissés. Les petits puissants tentent toutes les corruptions possibles. Ils sont pourtant des hommes de loi et ne savent plus quoi faire de leur "conscience morale" !

Acte suivant, cette fois-ci les justiciers n'ont pas besoin de "personnes interposées" pour faire leur besogne. Comme les autres, les procureurs, les malfrats sont payés. Ils ont même plus ou moins la conscience d'être des assassins. Ils sont à mi-chemin, lucides et se voilant la face. Ils sont également soutenus par un cadre, tout comme les magistrats, qui les fait entrer dans la légalité : ils sont sous les ordres du "maître" de la Poldavie...

Dernier acte : nos protagonistes paraissent tout petits face au gigantisme du mafieux Alessandrovichi. Finalement, c'est lui qui va rendre justice à Valmorin mais non par bonté (car il explique que sa position est de placer des délinquants pour mieux les avoir à sa botte), mais par vengeance ! C'est alors que l'acte se clôt sur un retour à l'injustice présente en chacun de nous. Nous nous croyons toujours en iniquité et nous désirons toujours plus, sans nous rendre compte que nous commettons des injustices. Être un homme et vivre (de passion) c'est le faire aux dépens des autres, c'est être injuste.

Dernière réflexion sur la place de la femme. Deux visions s'opposent et se condamnent : la femme pure de maison et la femme fatale, putain. La première reste derrière les hommes, s'échine à assouvir leur désir et vivre de leur bon vouloir ; la seconde vit comme un homme mais dans l'ombre, menacée d'opprobre et vilipendée par les autres femmes et ses propres amants mêmes. Cette dernière est insultée de tous les noms, elle vit l'injustice de son sexe tous les jours. Il en est de même pour la première qui, elle, va avoir une révélation et s'émanciper tout au long de la pièce.

clelioute69
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le 18 oct. 2023

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