Le poème parfait
«Muses héliconiennes, ce commencement soit le vôtre!» Ah, Hésiode ! L’autre grand nom à l’aube de notre Histoire, deuxième père fondateur de la culture et de la mythologie Grecques. Hérodote le...
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le 25 oct. 2020
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La Théogonie, les Travaux et les Jours et autres poèmes est un recueil de cinq écrits… vachement inégaux.
Considéré comme le principal intérêt du bouquin, j'ai trouvé ce premier écrit décevant. Parce que, tel Socrate qu'on condamne, j'y ai appris des choses que je savais déjà (notez l'occis mort) ? Alors oui, mais pas que. Aussi, car la profusion de noms cités m'a donné l'impression de lire l'annuaire par moment. En fait, là où j'aurais aimé obtenir davantage de détail sur tel ou telle divinité ou héros, Hésiode se contente d'en citer un max. Bref, ce n'est pas agréable à lire du tout et je serais presque tenté de plutôt vous conseiller de vous renseigner sur Wikipédia ( ͡° ͜ʖ ͡°) : les informations y sont plus riches, le texte plus lisible. Au moins, le texte permet de confirmer, une fois de plus, le lien entre Grèce et Orient : le cycle de Kumarbi présentant de nombreux liens avec la cosmogonie d'Hésiode. J'ai par contre été surpris du rôle de Typhée, sorte de boss ultime, présenté comme plus dangereux que les Titans, alors que l'épisode de la Titanomachie est sans aucun doute plus « populaire » que ce dernier.
Le poème a quant à lui été traduit par Philippe Brunet, et je suppose que le texte originel joue là-dedans, mais j'ai préféré lire sa traduction de l'Iliade, elle aussi traduite en hexamètre.
Tant mieux pour Hésiode et tant pis pour les autres (Épiménide, Aristéas…) quoi, étant le seul bonhomme dont on n'ait pas perdu la Théogonie avec le temps.
Vint le vaste Ciel, amenant la nuit. Sur la Terre il s'allongea de tout son corps, désirant ses caresses, ardemment. Son fils embusqué tendit la main gauche, et saisit de la droite la gigantesque serpe, longue, à la dent acérée : d'un coup, il tranche le sexe de son père, le précipite aussitôt par dérrière ; il jaillit, ne fuse pas en vain de sa paume : toutes les éclaboussures qui giclent, sanguinolentes, sont reçues par la Terre, qui, l'année chassant l'autre, enfanta le troupeau d'Erinyes, les Géants effroyables, dont les armes brillent, qui brandissent leurs lances, et les Nymphes qu'on nomme Mélies sur la terre sans borne.
Je ne vais pas me faire d'amis (de toute façon à quoi cela sert-il d'en avoir ?), mais je crois que je le préfère à la Théogonie ; notamment parce qu'on s'écarte du côté annuaire, mais aussi, car j'ai beaucoup apprécié la fable de l'épervier et du rossignol.
Là où je le trouve intéressant, c'est dans son écriture. La manière de s'adresser à une personne en particulier (en l'occurrence à Persès, son frère) tout en s'adressant à tout le monde en même temps, de prodiguer des conseils. En d'autres termes, on retrouve le côté poésie didactique qu'on retrouvera quelques siècles plus tard avec La Nature des choses de Lucrèce. Aussi, on pourrait presque percevoir un côté Biblique, un texte dans lequel son auteur conseille au lecteur de craindre Dieu (Zeus du coup). Bon par contre la partie sur l'agriculture prend des plombes. C'est un peu le principal souci avec la poésie didactique, j'ai l'impression.
Un épervier répondit au joli rossignol en ces termes, comme il l'emportait dans la nue captif de ses serres : pris dans les serres crochues, l'oiseau ne cessait de se plaindre et de gémir ; à quoi, violemment, répondit le rapace : « Pourquoi ces cris, insensé ? Un plus fort que toi te possède. Tout sonore sois-tu, tu iras jusqu'où je te porte ; si je le veux, tu seras mon repas ou tu seras libre. Déraisonnable qui veut affronter ce qui le dépasse : la victoire le fuit ; la douleur s'ajoute à sa honte. »
Sans conteste le texte qui m'a le moins marqué, celui que j'ai trouvé le plus insignifiant (mais pas le pire pour autant). Le texte étant beaucoup trop long pour pas grand-chose au final : moins d'une dizaine de lignes suffisant pour mettre un terme à l'affrontement entre Cycnos et Héraclès. Le Bouclier est un texte, du pseudo-Hésiode, dont le but semble étant avant tout de se rapprocher de son maître, et par corollaire, de revaloriser l'image d'Hercule… pour la faire simple, si vous êtes pro-Homère, alors Hercule = pas bien, sinon, si vous êtes pro-Hésiode, Hercule = bien.
C'est alors que Cycnos, vers le fils de Zeus le farouche, qu'il voulait tuer, lança, sur l'écu, sa lance de bronze, mais ne put le briser : le don du dieu fit obstacle. Puis l'Amphitryonide, l'héracléenne force, entre le casque et le bouclier, de sa longue pique, frappa le cou découvert d'un geste vif et terrible, sous le menton. Les deux tendons, sous la lance assassine, furent tranchés, si lourde était la force de l'homme. Il s'écroula, comme croule un chêne ou comme une roche escarpée, quand Zeus leur assène sa foudre fumante. Il s'écroula : ses armes d'airain ciselé résonnèrent.
Pour le coup, ce poème (pourtant le plus long) n'a pas grand intérêt tant la plupart des fragments restants sont illisibles. Reste tout de même les citations de nombreux autres auteurs qui donnent un minimum de contexte, d'intérêt, au tout.
Pour la peine, je ne citerais aucun passage ! Et toc !
Un texte pas si mal, écrit par Onsaipakis (un Grec, paraîtrait-il), qui fait confronter Hésiode à Homère lors d'un concours poétique. Hésiode gagne, non parce qu'il est le meilleur, mais parce que le roi est de son côté (la raison invoquée étant que son texte se montre plus pacifique). Le reste du poème mettant bien en avant une chose très simple, parfaite pour conclure à la fois cet ouvrage, mais aussi cette critique :
Homère > Hésiode
– Fils de Mélès, Homère, qui tiens des dieux ta sagesse, réponds-moi, quelle est la meilleure des choses pour l'homme ?
– Tout d'abord, ne pas naître : telle est la meilleure des choses ; une fois né, franchir les portes d'Hadès au plus vite.
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Créée
le 24 oct. 2023
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