Je relis La théorie des nuages une dizaine d’années plus tard et me redis que le livre de Stéphane Audeguy est encore extrêmement prenant.Sa grande qualité, c’est son entremêlement de récits délicieux et vivants. De la rencontre des personnages principaux (Akira Kumo et Virginie Latour), respectivement couturier et bibliothécaire, va découler une explication chronologique de la classification des nuages.L’écrivain, y décrit comment la volonté d’un homme du peuple anglais, Luke Howard, de nommer les nuages, a entraîné dans son sillage un peintre et des savants pour permettre de faire un pas vers la météorologie moderne.C’est passionnant comme un livre d’histoire climatique et nous démontre une fois de plus que certaines découvertes se sont produites par le plus grand des hasards des circonstances. L’autre aspect de La théorie des nuages, c’est le lien des personnages fictifs ou réels, envers leur appropriations du sexe et du charnel. Ces expériences d’hommes et de femmes permettent une diversion narrative pour que la globalité météorologique ne prenne pas toute la place et devienne indigeste.C’est un parti pris audacieux mais en aucun cas l’auteur ne tombe dans l’écueil d’une pornographie primaire.Le corps étant décrit comme un véhicule d’émotions diverses et la jouissance comme un moment de vie humain fondamental.On apprécie peut-être plusieurs récits plus que d’autres mais Stéphane Audeguy s’efforce une cohérence pour montrer que chaque homme ou femme de son récit à son histoire bien particulière face au charnel.Je vous conseille de bons moments d’immersion en lecture ( de quarante à soixante pages) pour sentir le tempo et la multitude d’évocations de manière idéale.J’ai beaucoup aimé l’approche de l’auteur de creuser de long en large la psychologie de ses personnages, de faire des allers-retours entre le passé et le présent, et de nous faire malgré nous apprécier les points communs ou différences de ces protagonistes.En plus de trois cent pages, le lecteur n’a pas le temps de s’ennuyer et prend le temps de remarquer quels horizons le surprennent ou le captivent.Une relecture plus tard, la magie et l’artisanat exquis de l’entreprise opèrent toujours.