Critiquer la Torah est une tâche ardue, la noter me semble pas réellement possible. J'ai donc choisi de la noter comme un livre et non comme un livre religieux ( ce qui n'a en soit pas de sens ). Pour la critique, je vais me baser sur mes maigres connaissances grappillées à droite et à gauche ainsi que par mon piètre sens de l'analyse.
La Torah vient s'insérer dans un triptyque créé relativement récemment ( Torah - Bible Coran ) mais pour pouvoir la comprendre de manière réelle il faut se replacer à l'époque de son écriture. Je précise également que j'avais déjà lu l'ancien testament dans une édition de la bible pas franchement géniale ( paie tes fautes et incohérences ) mais joliment illustrée. Donc je n'y vais pas totalement en inculte. J'ai découvert au passage que l'ancien testament n'est pas tout à fait la Torah, il y a des tonnes de détails qui passent à la trappe mais aussi des livres qui sont ajoutés et donnent une relief plus guerrier à l’œuvre. Petite précision complémentaire, j'ai choisi une édition "commentée" de la Torah écrite ( je m'occuperais du Talmud en version "allégée" plus tard ). Les commentaires sont données par Rachi, un exégète du 11 ème siècle et pour être honnête ils sont de très bonnes facture en plus de préciser des points qui ne sont pas du tout clairs pour un profane et une personne qui n'est pas de l'époque.
Bien maintenant que ces points sont donnés, replaçons nous à l'époque. Le début de la Torah fait appel à des mythes fondateurs Babylonnien et l'on peut donc en déduire qu'elle a été écrite entre 1000 et 2000 ans avant JC ( c'est très large mais les perspective récentes ne donnent pas de date ) par une quarantaine de personnes différentes. D'ailleurs on sent clairement des différences de style et d'époque dans les récits.
Bref, à cette époque nous ne sommes pas dans l'obscurité car la Torah s'est transmise oralement depuis quelques temps. Il faut donc la situer un peu avant pour bien prendre en compte sa période.
Lorsque la Torah entre en gestation, le monde est différent de celui que l'on connait. Les contrées y sont sauvages et peu explorées, les civilisations se mettent peu à peu en branle. Les égyptiens, les Nubiens, les Lybiens ... et les Mésopotamiens. Le peuple y vit durement et sort de la préhistoire mais il n'y règne pas une atmosphère comme on la connait. Nombre d'habitudes nous paraitraient probablement horribles. Les hommes et les femmes ont des relations sexuelles avec un peu n'importe quoi voir même des animaux ( il suffit de voir les mythes mésopotamiens pour comprendre que c'est très commun ), on mange tout et n'importe quoi, les humains sont vendus comme marchandises dans la même famille ... Difficile de décrire l'ambiance qui règne à l'époque mais si vous repensez à des pharaons gracieux, vous pouvez oublier tout de suite. C'est ici qu'arrive la Torah.
La Torah se découpe en plusieurs parties assez grossières :
- la création
- les proto prophètes ( Yehouchoua, Yits'haq, Yaaqov, Avraham )
- Moise ( Moché )
Les deux premières parties sont contenues dans un seul livre tandis que l’œuvre de Moise est contenue dans 4 livres, vous comprendrez donc aisément que c'est Moise le prophète du judaïsme.
Ce premier livre décrit ainsi la création de la Terre par Eloqim puis son peuplement suivi de la "chute" des hommes. Si ce mythe est plutôt connu, il faut avouer que l'éclairage donne dans cette version commentée est intéressant. On remarquera tout de même que la Terre décrite est limitée à la partie commune de l'époque. La suite concerne donc les premiers prophètes et leurs errances. A mes yeux ces prophètes sont surtout là pour montrer deux choses : l'appel d'Eloqim sur son peuple et la tradition de prophétisation avant Moise. Chaque prophète a son importance : Isaac et son sacrifice, Abraham et son alliance ... Mais ce qui transparait toujours c'est l'esprit de filiation. Chaque prophète est lié au précédent qui sera lié au suivant. Moise n'échappe pas à la règle et établit sa filiation sur le peuple délimité d'Israël avec ses 12 représentants. Ce premier livre est probablement le plus passionant en tant que livre. Au delà des tribulations des premiers prophètes on y voit des modes de vie, des personnages face à leur difficultés mais aussi une époque.
La seconde partie sur Moise est plus complexe. Elle représente également le cœur de la Torah car c'est dans cette partie que Moise révèle au futur peuple d'Israël les commandements qui seront à suivre. Si l'on a retenu les 10 commandements avec facilité on n'oublie souvent tout ce qui va avec. Les chabbats sont ainsi délimités, les principales fêtes, les sacrifices à offrir, les règles à respecter pour rester pur, quoi manger, quand manger, comment manger, quelle sera la construction du temple ... Bref, tout y est expliqué de manière extensive. C'est un peu ce qui m'a le plus étonné puisqu'au final si la sortie d'Egypte est l'évènement fondateur du judaïsme, le détail de certaines parties y sont marquées de manières plus importantes. La précision avec laquelle le premier temple fut construit m'a d'ailleurs étonné. Je suppose qu'il y a une logique derrière tout cela mais elle m'apparait comme obscure. Quelle importance de savoir que les portants des tables sont en bois de chittim recouvert d'or ? C'est un détail mais il est martelé encore et encore de sorte que discerné l'essentiel du superflu apparait parfois ardu.
On notera tout de même que la Torah ne représente pas Moise comme un super héro. C'est un homme perclu de doutes à ses débuts qui suivra Eloqim jusqu'à la terre promise pour mourir en voyant son but arriver. Entre temps, il sauve son peuple à plusieurs reprises. Il le sauve des égyptiens d'abord en le faisant sortir d'Egypte où le peuple était esclave. Cette partie est la plus connue mais on a tendance à sauter certains passages. Ainsi Moise ne croit tout d'abord pas en les apparitions qu'il voit et fait mander Aaron pour faire office d'intermédiaire avec Ramsès 2 ( les commentaires attribue ce passage à une affliction de Moise, il aurait pu être bègue par exemple ). Cela explique pourquoi Aaron a tant d'importance par la suite. Moise fait l'intermédiaire avec Eloqim qui lui explique ce qu'il devra faire puis c'est Aaron qui s'exprime auprès du peuple.
Après la sortie d'Egypte, Moise se retrouve dans le désert à suivre une voie difficile. Eloqim pourvoie au peuple la manne et des rochers d'eau ... Il suffit d'imaginer la situation pour comprendre que le peuple n'est pas forcément heureux de la situation. C'est ensuite que les choses se corsent. Moise se retrouve à devoir rendre compte de son peuple devant Eloqim et chaque débordement est l'occasion pour lui de supplier pour que ne soit tué le peuple. On comprends donc que le prophète qui a pu mener un peuple à nuque raide ( c'est bien une citation ) ait une place très particulière.
Au delà des doutes de l'homme se profile les tentations et les échecs successifs. Si l'on peut comprendre facilement que le peuple réclame de la viande au bout d'un moment ( cf l'épisode des cailles ), le veau d'or est un peu plus compliqué à comprendre. Cet épisode amène d'ailleurs Aaron a rendre compte et Moise à détruire les tables de loi. C'est donc loin d'être anecdotique.
Au final, la Torah est intéressante en tant que livre. Certes les passages généalogiques ou de descriptions des attributs du temple sont moins intéressants mais il n'en reste pas moins des successions d'exaltations intéressantes à lire. On notera au final que la Torah se concentre sur les autorisations et interdictions quitte à les répéter plusieurs fois sur la fin afin de bien appuyer sur des péchés qui sont considérés comme définitif.