La Trahison des éditeurs

Résumé : Depuis quelque temps, l'opposition s'est cristallisée entre éditeurs qualifiés « d'indépendants » et « grand groupe capitalistique ». Dans cette bipartition, l'icône Gallimard continue de rallier les premiers. Et Hachette de tenir vaillament le rôle du repoussoir. Mais suffit-il que les capitaux d'Actes Sud, Albin Michel, Odile Jacob et d'autres échappent (encore) à Lagardère ou un semblable pour qu'ils ne suivent pas la même logique de croissance par acquisition qui prépare la suivante ? Perpétuant l'existence d'un type d'acteur qui, du seul fait de sa taille et de son mode d'organisation, forge un monde social et économique face auquel les idées de changement ne pèsent pas grand-chose. Il faudra chercher un peu plus loin que ce quarteron de « grands indépendants » pour (re)trouver le sens d'un métier sur lequel les rêveurs peuvent compter : des producteurs de livres qui ne soient pas tout à fait un objet comme un autre dans une société de plus en plus marchande. Loin de ceux qui « ne gèrent plus guère que leur nom en jouant sur l'inertie d'un capital d'image hérité du passé » ; comme de ceux qui cachent de plus en plus mal la substitution d'une politique éditoriale par une stratégie de communication. Les livres et ceux qui les donnent à lire valent mieux que servir à ces fins. Écrit par un éditeur, ce livre pose à la fois une contre-légende de l'édition et les bases d'une socio-analyse d'une profession. Si l'auteur prend souvent le ton du pamphlet, il s'appuie sur une accumulation de données d'actualité et historiques qui donne à son propos la consistance d'une critique de fond. En ce sens, il interroge les responsabilités sociales et politiques des métiers du livre, comme tout un chacun devrait le faire avec le sien.