"La vague" partait d'une idée intéressante. Ayant entendu parlé du film et du livre, j'ai décidé de commencer par le livre. Non seulement, le récit est tiré d'une histoire vraie, mais en plus, elle se concentre sur l'aspect sociologique, psychologique plutôt qu'historique du nazisme, sur sa transposition, son adaptation à une société, ici une école.
Malheureusement, l'univers écolier (pourtant un lycée), donne vite au récit une naïveté bien trop profonde. Le lecteur se retrouve face à un professeur d'histoire qui visiblement ne maîtrise pas vraiment son sujet ; face à des personnages principaux et secondaires creux, sans caractère, bien trop stéréotypés. Le cancre de la classe rejeté de tout le monde, le quaterback, l'intello rédactrice en chef du journal du lycée... On croirait lire le script d'une série des années 90 style Beverly Hills, avec les prénoms qui vont avec de surcroît.
Ce manque de profondeur se perçoit également de par le style d'écriture de Strasser. Non seulement "La Vague" est un roman (trop) court à mon goût, mais en plus les phrases sont simples ; elles donnent l'impression d'être peu travaillées. Et forcément le matériel de base - le nazisme, l'histoire vraie de ce qui s'est passé à Palo Alto - en pâtit. Ce qui aurait pu être un bon roman est en fait resté au point de départ, d'ébauche même. Le dénouement est cousu de fil blanc, tandis que le lecteur tourne la dernière page du livre avec déception, mais malheureusement sans surprise.
Un potentiel d'histoire gâché à cause d'un récit trop romancé qui reste dans le superficiel. C'est dommage, on aurait aimé en savoir plus, rentrer dans l'intimité de certains des personnages. Les pistes étaient nombreuses pour donner plus de relief à l'histoire, entre le professeur qui se retrouve dictateur malgré lui et qui ne contrôle plus ses limites, ou avec le paria de la classe qui réussit à se construire une identité à travers la nouvelle communauté de La Vague.