Après un premier tome très réussi, il fallait bien une suite à cette histoire. Ce n'est pas comme si l'auteur ne l'avait pas laissé entendre avec la fin de son roman initial. On y suit ici les mésaventures d'un père de famille qui va découvrir que son film est victime de possession. Mais pas que son fils, car ce sont aussi tout ses petits camarades qui se mettent à agir de façon bien louche. Et bien sur personne pour le croire, hormis Harry Erskine et Singing Rock, de retour pour combattre leur ennemi juré, le grand Misquamacus. Au programme, possession, magie indienne ancestrale et démons millénaires dans une lutte du trio pour sauver les descendants des colons responsable du courroux de l'homme-médecine. Une aventure à la patte une fois de plus lovecraftienne, Masterton ne cachant clairement pas son inspiration pour l'aspect des démons.
Et on ne change pas une méthode qui a fait ses preuves. Le roman va d’abord nous entrainer dans une enquête ou les réponses vont tomber au compte-gouttes avant de se terminer sur une impressionnante lutte aux enjeux dramatiques évidents. Le final est tout aussi intense et réussi que sur le tome un et tient ses promesses. Et toute la partie découverte du mal qui règne se voit régulièrement ponctué de passages efficaces, quand ils ne viennent pas assommer le lecteur par la puissance du choc de la scène décrite. Les sévices subi par la femme du personnage principal reste ainsi l'un des moments les plus cruels du livre. Et d'autres du même acabit ne seront pas décrites en détails mais fortement suggéré.
Graham Masterton fait dans l'horreur et les passages qui foutent mal à l'aise sont là pour le rappeler. L'auteur réussit toujours à instaurer cette tension dans les moments clés pour captiver le lecteur et mieux le prendre au piège. Mieux, il a nettement amélioré le traitement impliquant la découverte de faits surnaturels par des personnages non enclins à ce genre de phénomènes. Les réactions sont du coup plus naturels, plus humaines et impliquent du coup de nouveaux enjeux dans les moments cruciaux.
Point qui me chagrine, parce qu’il en faut bien un, le terrible homme-médecine s'est réincarné une fois de plus entre les deux tomes (cf les photos du vieux solitaire dans sa maison). Mais pourquoi n'en a-t-il pas profiter pour exercer sa vengeance à ce moment-là et réduire à néant les envahisseurs de la terre de son peuple ? On ne le saura jamais, et ce point scénaristique fait un peu tâche, d'autant plus que sa présence et à chaque fois justifié par son désir de revanche.