Bon, alors, déjà il faut savoir que je n'ai jamais jeter mon dévolu sur les poètes surréalistes. Je n’espérais non plus pas en tombant sur ce livre découvrir le mouvement dada, mais en ouvrant une page au hasard, pour juger rapidement du tempo qui allait peut être jouer dans ma tête quelques heures plus tard, Eluard, dit :
" " Critique de la poésie"
" C'est entendu je hais le règne des bourgeois
Le règne des flics et prêtres
Mais je hais plus encore l'homme qui ne le hait pas
Comme moi
De toutes ses forces.
Je crache à la face de l'homme plus petit que nature
Qui à tous mes poèmes ne préfère pas cette critique de la poésie "
Et puis ensuite, c'est comme un long corridor cadencé, ou les poèmes surgissent du néant, créant des palpitations où la Parole, ne jaillit pas comme un éclair, mais s’immisce subrepticement.
Se réverbère la présence des femmes qui viennent éclairer le poète de son sommeil, où l'Autrui est un gouffre dans lequel l'Eluard va poser quelques étoiles (c'est l'appel du poème, après tout : réveiller les morts, faire renaître les endoloris), l'oeuvre n'est pas aussi dense qu'un spleen Baudelairien, mais tout aussi riche, et de loin, bien plus angoissante. Mais pas l'angoisse du vide, du néant, du rien, pas encore, l'angoisse métaphysique, mais une angoisse désarmante, face à la simplicité de la vie : de la peur.
Ce recueil est une plaie de joie ouverte sur l'abîme de l'amour. un jardinier des souterrains, où le Beau, renaît peu à peu de ses cendres. On croirait entendre le hululement d'une chouette après une coulée de lave de Vésuve, le calme après la tempête en somme, où échos, sons et sourires, forment une mélopée tendre à faire tourner les alouettes! Puis en même temps, chaque poème pourrait être une confession d'un pêcheur, d'un peintre : tout prends forme, même une esquisse ou quelques traits pourrait revêtir l'allure digne d'un Parthénon sous la plume de ce génie.
Bref, une source de Vie, parmi les pas des morts.
Merci Eluard, je vais dévorer l'entièreté de ton oeuvre prochainement, et avec ce recueil tu finiras certainement dans mon palmarès des plus merveilleux poètes lus.