C'est un roman boiteux, dont l'intrigue met un temps infini à se diriger quelque part. Les personnages sont autant de clichés sur pattes. Le style est tantôt insipide, tantôt surécrit, en mode morceau de bravoure. Et pourtant, j'ai tenu jusqu'au bout, et même, un peu aimé. Pourquoi ? Parce qu'au-delà de la chronique "incel", il y a un portrait - voire un auto-portrait, puisque c'est celui du narrateur - qui est assez touchant. Improbable, composé de trop d'idées qui s'essouflent (et les 100 premières pages en mode pseudo-socio sur la banlieue pavillonnaire, et l'amour des livres avec le personnage de l'oncle, et le harcèlement, et les faux-psys gourous, et le trauma d'enfance, etc.), mais, au bout du compte, touchant. La principale limite, à mon sens, c'est que la critique du masculinisme échoue, puisque les "incels" dépeints ici n'ouvrent aucune perspective, ils sont trop évidents, bien que le narrateur ait une certaine densité (mais c'est le seul personnage dont on puisse dire cela). Approfondir notamment le personnage de Boris (le gourou et pseudo-coach en séduction) aurait eu le double avantage de donner au livre une intrigue, et de nous éclairer de façon un peu moins prévisible sur les hommes qui n'aiment pas les femmes.