"Mike Horn c'est pas vraiment un aventurier"

Ouais en en parlant, c'est de le genre de réflexion que j'ai entendu.
Faut dire, le français moyen a découvert le bonhomme grâce à "The Island" puis "A l'Etat Sauvage" sur M6, et je fais parti du lot. Accent bizarre, analyses et conseils pires encore, on se demande bien d'où sortait cet animateur si spécial : Afrique du sud, forces spéciales, puis amateur de sports extrêmes et de défis en tout genre, et surtout, amoureux de la Nature, pas un bobio écolo du dimanche, non juste quelqu'un qui préfère de loin la compagnie des moustiques à celle de ses congénères, et quand on lit ce bouquin, il y a des moments où tu peux pas vraiment lui reprocher.

Bref, Mike Horn se lance le défi de parcourir le globe en suivant l'équateur, avec une marge de 40km au nord comme au sud. L'intérêt d'une telle entreprise? Personne ne l'a jamais fait. Je sais pas vous dans votre esprit ce que vous désignez comme une "aventure", mais perso, pour moi on est en plein dedans. Alors effectivement le suisse d'adoption a mis 1 an pour se préparer, a des dizaines de sponsors, donc des moyens relativement considérables. Mais il ne s'agit pas de parcourir le monde à sa guise, le défi est bien de traverser la planète en ligne droite sans aucun engin motorisé. En ligne droite. Montagnes, océans, marécages, fleuves, déserts, mais pas seulement. Guerres, trafics de drogue, terrorisme. Le mec pour ca a besoin de matos pour l'escalade, d'une paire de pompes hi-tech modifiées, un sac à dos sur mesure, un trimaran, un vélo, un gps, une boussole, une machette et un couteau suisse (chauvin), et de quoi communiquer. Moi quand je part 1 semaine à Sanary sur mer, j'amène la moitié de ma maison en comparaison. Certes il est entouré d'une équipe pour l'épauler, qui le rejoint ponctuellement pour réparer les avaries, déplacer son bateau quand il traverse un continent et lui filer son vélo, lui apporter ses passeports et droits d'entrée dans les différents pays, échanger son matos, mais sans cela, à la lecture de l'aventure, on comprend vite que son périple n'aurait pas duré 17 mois mais 17 ans.
Le style d'écriture, ok c'est pas du Baudelaire, en même temps j'aime pas ca, là on a juste l'impression que Mike nous raconte son aventure lui-même, en face, autour d'un feu, sur le thème de la confession presque. Il parle aussi bien de ce qu'il voit, que de son état d'esprit du moment, que des conneries qu'il fait, par inexpérience, et plus souvent par une insouciance presque enfantine. Et c'est passionnant, et palpitant. Et frustrant. Autant la traversée de la nature vierge, les océans, les jungles, les ascensions, c'est un régal à lire, autant certaines rencontres avec certains peuples te font perdre foi en l'espèce humaine. Tu ne comprends que mieux pourquoi il se sent si bien seul, en mode Tarzan, à survivre contre la nature, et grâce à elle, plutôt que d'essayer d'échapper aux guérillas et autres barrages où il doit raquer, et raquer, et risquer sa vie.

Moi j'ai dévoré ce livre, ce n'est clairement pas une invitation au voyage, c'est le récit d'une traversée du monde, avec ses bons et ses mauvais cotés, et une belle réflexion sur la vie. Et on doit avoir le temps de penser quand on fait 40.000km à la seule force de son corps.
Respect Mike.