Le Banquet de la Licorne est le septième tome des aventures du mandarin Tân, aventures écrites par l’écrivaine d’origine vietnamienne Thanh-Van Tran-Nhut et qui se déroulent au XVIIe siècle dans son pays natal. Non, je n’ai pas lu les autres. Pas encore.


En fait, tout ça, c’est de la faute de la technologie: si ma tablette et mon smartphone n’étaient pas tombés en panne de courant pendant le Night of the Prog et si les panneaux solaires ne s’étaient pas avérés incapable de les recharger, je ne l’aurais jamais piqué à ma dame.


Et quand je dis « de la faute de », il faut bien évidemment comprendre « grâce à », car j’ai plutôt bien apprécié cette première immersion dans ces histoires de mystères policiers asiatiques, sis dans un contexte doublement exotique: non seulement il s’agit de l’Asie confucéenne, mais ce n’est ni la Chine, ni le Japon, mais le Đại Việt (pour faire le malin avec de l’unicode) – autrement dit un Viêt Nam encore indépendant, mais à la croisée des chemins.


Le Banquet de la Licorne présente la particularité d’être constitué de sept nouvelles, liées entre elle par le banquet éponyme, donné en l’honneur d’un fonctionnaire impérial qui vient rendre visite au mandarin. Chacune de ces nouvelles plonge le lecteur dans le passé des personnages, ce qui permet au débutant que je suis de les découvrir, autant que des lecteurs confirmés.


Non seulement c’est le premier ouvrage sur le mandarin Tân que je lis, mais je suis à peu près certain que c’est le premier dans le genre « détective historique dans un contexte asiatique ». Du coup, pour moi, le dépaysement était total. Mais ce n’est pas pour autant un univers abscons: j’ai pu y entrer aisément et, en centrant la narration sur ses personnages, l’auteure facilite beaucoup l’immersion.


On y découvre sans peine le mandarin Tân, fraîchement nommé dans une province reculée (et fictive, même si le contexte est historique), intègre, pondéré et aux dons d’observation impressionnants; le lettré Dinh, aux idées anti-confucéennes, le gourmand docteur Porc, la délurée poétesse Rossignol et les autres membres de la petite cour.


Par contre, j’en déconseille fortement la lecture quand on a faim: comme son nom l’indique, la narration tourne autour d’un banquet et celui-ci est décrit avec moult détails, au point qu’on a régulièrement envie d’aller piller un resto asiatique à la fin d’un chapitre. Et je ne vous parle pas du génie de Tran-Nhut pour les descriptions grivoises qui n’en sont pas.


Bon bouquin, donc; certes, ce n’est pas de la Grande Littérature et ça se poutze en deux-trois heures, mais ça remplit bien le contrat: dépaysement, enquêtes intelligentes et très belle écriture. Que demander de plus.

SGallay
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le 5 août 2015

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