Faulkner à vif
Par un de ces faux hasards dont la Destinée est friande, il fallait donc que le Bruit et la Fureur sorte en 1929, l'année de la Grande Crise. Voilà qui ne pouvait pas mieux tomber, pour ce roman qui...
Par
le 25 nov. 2011
67 j'aime
22
Le méchant Faulkner m'a malmené, violenté pendant 215 pages. Il m'a noyé dans une prose hachée, m'a privé de ponctuation et de repères spatio-temporels. Il m'a plongé dans un bouillonnement de mots que j'ai eu peine à associer à un réel stream of consciousness, comme ses inventeurs appelaient cette technique de torture du texte. A peine Faulkner m'a t'il offert la répétition de motifs, de sensations pour motiver ma lecture.
Et puis à la page 217, les nuages se sont écartés. Le calme est revenu, même si c'était un calme aux dents serrées, boursouflé de haine. Je me suis pris à aimer mon bourreau d'auteur, et à aimer le bourreau qu'il décrit dans cette troisième partie du roman. Double syndrome de Stockholm donc. L'abject vaut mieux que le désordre de la pensée et j'ai dévoré la fin du roman, tiraillé entre admiration et ressentiment.
Je note sévère, puisque je sais que l'immense plaisir ressenti à la lecture des deux dernières parties du roman n'est pas tout à fait honnête. Il est alimenté par le mécanisme de l'identification à l'agresseur. Faulkner est l'agresseur du texte, le bourreau de la narration. On le craint évidemment (où peut aller la littérature au-delà de l'informe première partie ?), mais on finit par l'aimer.
Créée
le 26 oct. 2018
Critique lue 447 fois
4 j'aime
1 commentaire
D'autres avis sur Le Bruit et la Fureur
Par un de ces faux hasards dont la Destinée est friande, il fallait donc que le Bruit et la Fureur sorte en 1929, l'année de la Grande Crise. Voilà qui ne pouvait pas mieux tomber, pour ce roman qui...
Par
le 25 nov. 2011
67 j'aime
22
Roman à plusieurs voix, ou plutôt plusieurs pensées : le lecteur se retrouve successivement dans la tête d'un idiot qui ne perçoit le monde que par ses multiples sensations ; d'un jeune étudiant qui...
Par
le 13 juil. 2011
41 j'aime
2
D'abord merci à SanFelice, sans lequel je ne me serais pas plongé au coeur de la vie de la famille Compson et notamment des quatre enfants, Maury/Benjamin, Jason, Quentin et Caddy. Le Bruit et la...
le 16 avr. 2016
35 j'aime
2
Du même critique
Très mauvais film, dans l'ensemble prévisible à 25 minutes d'avance. Ce n'est pas un bel hommage à la musique électronique. Seule une scène est efficace, c'est celle que l'on voit dans la...
le 8 sept. 2015
11 j'aime
Plusieurs années après qu’un professeur l’ait mentionné, j'ai lu ce court texte, qui était resté dans mon panier Amazon. Un texte inconfortable. L’écriture comme la pensée de Barthes sont...
le 17 janv. 2018
7 j'aime
1
Je joue très peu, et j'ai du mal à m'intéresser aux histoires racontées dans les jeux vidéos. Je trouve que les interfaces sont de plus en plus complexes et j'ai du mal à gérer la dualité missions...
le 24 mars 2016
6 j'aime
1