Je me permets, avant d'entamer mon retour sur ce récit de Allan Poe, d'offrir une rapide préface générale et globale à l'œuvre du poète de Baltimore, et qui fera office d'incipit à l'entièreté de mes avis sur chaque nouvelle.
Parmi les auteurs de la littérature fantastique dont il faut avoir lu au moins un écrit dans son existence, Allan Poe en est un bien singulier. Sa plume, complètement ancrée dans l'influence des récits gothiques digne d'un Hoffman, délivre son lot de perles comme d'écrits parfois lunaires, mais sait concevoir une ambiance avec moults détails horrifiques et baroques.
De par ses incursions littéraires via des essais, des poèmes, des contes, et surtout des nouvelles, Allan Poe s'illustre comme l'un des grands noms de la littérature fantastique et figures majeures du romantisme littéraire de bien des manières. D'abord , car il est un grand avant-gardiste ayant préfiguré au roman d'aventure avec les aventures de Arthur Gordon Pym, ce qui ne manquera pas d'inspirer Stevenson pour son Île Au Trésor, ou même encore avec son détective mentaliste Auguste Dupin dans des nouvelles cultes comme Double Assassinat Dans la Rue Morgue, et ce bien avant l'arrivée de Sherlock Holmes.
Inspiration majeur d'auteurs tels que H.P Lovecraft ou bien encore Stephen King, il aura su apposer une ambiance unique à ses écrits, d'une famille en pleine décadence dans La Chute de la Maison Usher, jusqu'à une sombre mélancolie amoureuse dans son sublime Ligeia.
Passons maintenant au récit qui nous intéresse.
Cette nouvelle est incomprise. Le contexte autour de cette "nouvelle" est incompris. Donner une note à ce canular écrit en 1844 dans le journal The Sun ne rime, d'une certaine manière, à rien, et ferait presque écho aux gens qui furent dupés par cet article de Allan Poe.
L'exercice du canular dans les journaux ne date alors pas d'hier, et Poe ne fait surtout que répondre à un énorme canular initié par John Locke qui aura fait fantasmé son lot de lecteurs à propos d'une civilisation extraterrestre sur la Lune...qui n'existait pas. Il réalise alors un faux article relatant un voyage en ballon au dessus de l'atlantique en seulement trois jours, et s'amuse à détailler avec force de détail le trajet et la machinerie mise en place pour effectuer ce voyage.
Rédacteur en chef et contributeur sur de multiples magazines, qu'il voyait comme un reflet d'une époque où l'on exigeait désormais "l'artillerie légère de l'intellect", Poe ne fait ici pas qu'un simple canular, mais dénonce en parallèle cette dite époque, où l'on peut si facilement leurrer une société en posant de simples caractères techniques sur un article. Il n'hésite pas non plus à se moquer allègrement du public alors friand de ce genre d'écrits machiniste, et à mettre le doigt sur un véritable problème autour de la propagation d'information via les journaux à un penny.
Pour obtenir davantage d'informations sur cette nouvelle et son contexte, j'invite ceux qui le désirent à lire le papier de l'anthropologue John Tresch, à la partie 27.
https://journals.openedition.org/traces/2683#:~:text=27%C2%AB%20Le%20canard%20au%20ballon,de%20l'article%20comme%20m%C3%A9canique.