Des nuages menaçants s'amoncelaient – peut-être la queue de quelque orage éclatant au même moment sur la haute vallée du Glayge – et le soleil, lorsqu'il disparut, ensanglanta le couchant. Juste avant l'arrivée de l'obscurité, une déchirure se fit dans la couche de nuages, laissant le passage à un triple rayon de lumière rouge sombre qui illumina la plaine, baignant d'un éclairage irréel l'immense étendue des ruines de Velalisier.
Le fond de la mer était constitué d'un banc de sable blanc et le soleil y pénétrait aisément, dessinant sur le sable des motifs aux paillettes étincelantes et montrant la faune sous-marine, les diables de mer, les crabes aux pinces tranchantes, les homards aux queues énormes, les multitudes de poissons aux couleurs criardes et les sinistres murènes.
Carabella et Valentin construisirent un abri rudimentaire à l'aide de roseaux, Lisamon Hultin prépara un dîner de fruits crus et de jeunes pousses de pininna, puis ils s'assirent en silence au bord de la rivière, admirant un féerique coucher de soleil, des bandes violettes et or striant le dôme du ciel, des reflets orange et pourpres sur la surface de l'eau, auréolés de nuances vert pâle, rouge satine et cramoisi soyeux, puis les premières traînées de gris et de noir et la prompte tombée de la nuit.
Traduction par Patrick Berthon.