Le choix des apparences est un récit qui n’a rien d’une ballade de santé. Camille Maillard choisit donc la fuite en Bretagne après le procès de trop, où le mari de la femme qu’elle défend se suicide.Premier coup dur où la jeune avocate va pourtant prendre la décision de se réinventer professionnellement et prendre de la distance avec sa vie toulousaine.Dès ce premier moment fondateur, Martine Delomme nous fait sentir la dichotomie profonde chez sa personnage principale sans cesse partagée entre sa force ( toujours prête à lutter malgré les coups du sort qui s’acharnent pour elle et les autres) et sa fragilité ( entretenue depuis l’enfance par une famille dysfonctionnelle et un ex conjoint violent). Heureusement, ses qualités humaines d’ouverture la font apprécier dans son nouveau travail d’assistante juridique dans une PME et la font rencontrer Vincent, aussi cabossé qu’elle et tourmenté par un passé qu’il cache. Ce livre raconte la volonté d’une femme de s’affranchir progressivement de tout ce qui lui pèse pour enfin trouver son envol et ses respirations.On aime la suivre dans ce parcours de combattant où la petite victoire d’un jour fait place à une désillusion, ou à une amertume après coup. Sans véritables temps morts, Le choix des apparences fait réfléchir sur la volonté de mettre en orbite une existence, d’y trouver la place escomptée et de maintenir l’équilibre malgré tout. Le titre du livre m’a interrogé véritablement et je ne l’ai compris qu’à la fin, où le dernier chapitre avant l’épilogue, rappelle l’épisode le plus douloureux de la vie de Camille, où elle a du se taire, capituler et donc encaisser pour contenter les gens malgré tout. Bien écrit, efficace, alternant la paix et le fracas, Le choix des apparences ne laisse jamais indifférent et conforte que l’intensité de la vie n’est jamais un détail mais plus souvent un passage obligé pour y voir clair.