Ce titre m'intriguait depuis un bon moment. Parce qu'il faut dire que lorsqu'on parle du Disque Monde aux gens qui ne connaissent pas, on présente l'idée selon laquelle il s'agit d'un monde plat posé sur 4 éléphants qui sont eux même posés sur une tortue nommée A'tuin. Or, après les deux premiers romans, A'tuin et sa cosmogonie n'a aucune incidence sur les récits. Du coup, sachant qu'il existe un roman nommé Le 5eme Éléphant, je me suis dit "ha, on va peut-être parler de ça" (et notamment d'un éléphant perdu au milieu des 4 autres.) Et en fait, non, en dehors de la couverture (on commence à être dans cette époque où je comprends de moins en moins les couv' de Josh Kirby) et d'un petit récit, le 5eme éléphant promis n'arrivera pas et je me suis aperçu sur le tard qu'il s'agissait peut-être d'un jeu de mot avec Le 5eme Élément.
On est sur du récit de Vimaire et du guet, cette fois-ci se passant en Uberwald. Ce pays imaginaire, terre des vampires dans le dernier volume est de nouveau utilisé. Pour le coup, Pratchett étant sa géographie pour en faire une sorte de mélange entre les carpates, les pays de l'est et la Russie, et d'y mêler aux vampires (qui pour le coup sont moins démoniaques que dans le premier) des nains traditionnalistes et des loups-garous aux tendances nazillardes. Il en profite pour faire des clins d'oeil aux pays : on y retrouve une parodie des pièces de Tchekov et des étendues enneigées. C'était assez bizarre de lire ça alors qu'un conflit entre la Russie et l'Ukraine prend place dans l'actualité.
En effet, le roman raconte comment le couronnement du Petit roi des Nains en Uberwald est la cible de complots à la fois au sein de la société naines, mais aussi d'autres groupes sociaux autours. Et c'est Vimaire qui se retrouve à enquêter là dessus, ce qui peut sembler bizarre au premier abord, mais fini par être expliqué par les machinations de Veterini. C'est même d'autant plus frustrant que le livre était à ça de proposer un cross-over avec le monde des sorcière, le royaume de Lancre étant invité au couronnement (mais les personnages ne se croiseront pas.)
On sent que Pratchett ne se force pas : si une intrigue ne par sur rien de concret, il la laisse tomber. Ainsi, une partie du roman part sur une intrigue où le sergent Colon muté à un poste plus haut suite à l'absence de Vimaire, commence à se comporter comme un petit chef tyrannique, provoquant une grève du Guet. Intrigue qui s'arrête au milieu du roman et est résolue à la toute fin. Du coup, on suit surtout Vimaire, dans une attitude d'ambassadeur devenu super détective (c'est sans doute l'un des livres où il est le plus badass.) Le livre est aussi l'occasion d'approfondir certains personnages secondaires comme Hilare ou Sybil (qui se montre MEGA plus intelligente que son statue de secouriste des dragons ne le laissait penser.) Par contre, on sent que Pratchett se sent de rajouter LA MORT dans chaque bouquin, mais ne trouve rien à lui dire au point qu'il apparait devant des personnages qui ne sont pas morts (et c'est le cas depuis quelques livres.)
Mais surtout, Pratchett en profite pour montrer le Disque Monde qui évolue : les communications entre les pays (et les ordres) a complètement changé grace à un système de télégraphe (qui a un role assez central dans le début de l'intrigue) et certaines naines décident d'affirmer leur féminité. Ce qui était une blague dans les premiers romans (à savoir que les nains ne font pas de différence entre les sexes) devient petit à petit le jeu d'une forme de changement social que les nains traditionnalistes refusent.
On est dans une société où affirmer que l'on est une femme est très mal vu et où le fait de "se sentir femme" est réprimé. Et pour le coup, il y avait récemment un débat sur pour savoir si Pratchett était pro-Trans celui-ci ayant affirmé que certains lecteurs trans s'étaient reconnus dans les naines de ses romans. Et effectivement en lisant ce livre on s'aperçoit qu'il y a pas mal de points commun entre le combat des femme trans pour être reconnue comme des femme et celui des naines. Le temps à bonifié ce livre.
Mais surtout, c'est intéressant de voir tout ce monde évoluer au grès des points que l'auteur choisit d'approfondir d'un seul coup. C'est là que tout lire dans l'ordre chronologique s'avère payant.
Prochaine étape : le dernier jeu vidéo en point&click et je crois que j'aurais vu tout ce que l'auteur aura produit du Disque Monde durant le Xxe siècle.