Ce livre est néfaste.
Tout est dans le titre.
D'abord, on y trouve des contre-vérités mathématiques atroces : "n'importe quel nombre entier "ordinaire" peut être décomposé de manière unique en un produit - et un seul possible - de deux nombres premiers". Cette phrase est fausse, il suffit d'essayer avec un nombre tel que 12 et on voit que cela ne marche pas : 12 = 1*12 = 2*6 = 3*4 = 4*3 = 6*2 = 12*1. Ce sont les seules décompositions de 12 en deux facteurs entiers naturels, aucune n'est composée de deux nombres premiers. Le mot "deux" est tout simplement de trop dans la phrase, et c'est une erreur aussi grossière qu'étonnante de la part de non pas un mais deux docteurs en sciences. Le vernis mathématique ne suffirait même pas à tromper un étudiant de licence correct.
Ensuite, de par leur manie déplorable d'ancrer chaque découverte scientifique dans un instant historique précis (à l'heure près, presque !), les frères Bogdanov essaient de nous faire croire que les découvertes sont instantanées, presque miraculeuses. Un chercheur de la vraie vie travaille pendant de longs mois, souvent de longues années, avant d'avoir une théorie acceptable, qui sera par la suite revue et améliorée par une cohorte de collègues.
Outre cela, les Bogdanov tirent des conclusions tirées par les cheveux d'indices infimes. Exemple : le soleil brûle 38 milliards de tonnes d'hydrogène chaque minute. Pourquoi pas une autre valeur ? Le code secret de l'univers est à l’œuvre ! Sauf que non. Ce raccourci est beaucoup trop grossier, et ne sert que de poudre aux yeux pour tenter de justifier des suppositions hasardeuses.
Parfois, ils partent même d'indices erronés. Leurs histoires d'engrenages p.43 marchent avec n'importe quelle paire de nombres premiers entre eux, et non seulement avec les nombres premiers. Ainsi, cela marcherait avec des engrenages à 5 et 6 dents... D'ailleurs l'explication n'est pas limpide, étouffée qu'elle est par les exclamations de surprise feinte. A un moment, il faut choisir entre la clarté et les effets de manches stylistiques.
Parlons-en, du style. On est dans le sensationnalisme le plus décomplexé. Des points d'exclamation en veux-tu en voilà, des phrases nominales en pagaille, et des compliments dithyrambiques adressés à de nombreux savants dont les prouesses intellectuelles mériteraient bien un peu plus de décence.
Enfin, tout cela baigne dans un mysticisme absolument indigne d'un ouvrage scientifique sérieux. Igor et Grichka nagent dans la métaphysique new-age la plus totale, faisant fi de toutes les avancées accomplies en philosophie des sciences depuis Kant.
En somme, ce livre ne fait que broder de manière fort peu digeste autour d'une phrase vieille de 4 siècles, et que de plus ils citent : « La nature est un livre écrit en langage mathématique ». C'est de Galilée. Qui lui, ne faisait pas de chansons avec Cyril Hanouna, mais consacrait ses journées à la science. Suivez mon regard.
Créée
le 16 déc. 2015
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