"Le combat du siècle" décrit longuement les forces en présence, la préparation des deux boxeurs, leur entourage, le cade africain du combat ainsi que sa portée politique pour le dictateur mégalomaniaque Mobutu.


Le style de Mailer est très plaisant, on goûte avec plaisir la galerie des personnages hauts en couleurs entourant les deux boxeurs, entraîneurs, sparring partners, agents, journalistes, femmes, la plupart d’anciens boxeurs ou hommes de la rue …


Le fameux Don King, organisateur du combat a également le droit à un truculent portrait.


Bien entendu le personnage d’Ali plus hors du commun que celui de Foreman avec ses déclarations tapageuses, ses poèmes naïfs, ses prophéties exaltées recueille le plus d’intérêt aux yeux de l’écrivain mais on sent également beaucoup de tendresse, de respect, d’admiration et de sympathie pour Foreman.


Mailer insiste sur l’intelligence tactique d’Ali qui en réalité bluffera tout le monde lors de sa préparation en faisant croire à son adversaire qu’il boxera selon sa technique habituelle basée sur la mobilité alors qu’il restera la majeure partie du combat dans les cordes à esquiver, bloquer ou faire travailler Foreman dans d’épuisants corps à corps sous la moiteur d’une nuit d’orage africaine.


Ali se préparera donc à se faire marteler dans les cordes mais travaillera aussi beaucoup son endurance par des footings nocturnes tandis que Foreman se contentera d’aligner d’une préparation plus classique.


La description du combat peut également être considéré comme un monument de la littérature sportive, avec le décorticage des événements et de la lente érosion de Foreman, enragé par les provocations d’Ali mais incapable de mettre KO Ali ou de trouver une solution malgré toute sa puissance et sa technique.


Ali apparaît donc une classe au dessus dans le combat et sa victoire semble logique.


J’ai beaucoup apprécié l’aspect sportif du livre même si je dois avouer ne pas aimer l’attitude provocatrice d’Ali et être un pro Foreman.


La chute de Foreman et ses déclarations d’après matchs m’ont d’ailleurs plus émues que les sempiternelles fanfaronnades d’Ali.


D’un point de vu extra sportif, le livre m’a moins plu.


Mailer semble cautionner la parole des Black Muslims, car celle ci prône à ses yeux l’apparition d’un classe moyenne bourgeoise noire.


Mailer voit également ce combat comme un symbole, le point de départ d’une affirmation d’un nouveau pouvoir noir.


Pourtant depuis 1974, il faut tout de même reconnaître que la situation en Afrique n’a pas réellement progressé.


L'ex- Zaïre est même ironiquement plongé dans une des plus sanglantes guerre civiles de tous les temps.


Les Africains n’ont donc pas pris leur envol comme le pensait Mailer et restent empêtrés dans des difficultés complexes.


Enfin il m’est toujours délicat de m’émerveiller devant Mohamed Ali quand on voit dans quel état il a terminé son existence.


Je me dis que sa technique ne devait pas être si performante que cela tout de même étant donné l’effet qu’on eu tous ses coups sur sa santé.


« Le Combat du siècle » n’est donc pas le livre du siècle, mais un livre intéressant pour qui aime le monde de la boxe mais dont les extrapolations sembleront prêter plus matière à discussion.
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ThomasHarnois
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le 12 janv. 2021

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Thomas Harnois

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