Une magnifique couverture qui laisse votre imagination ouvrir les portes de ce roman sans filtres, pour public averti.


J’ai lu ce « récit » il y a de longs mois. Je l’ai fini essoufflée et l’esprit chancelant. Les mots jaillissaient sans ordre, définissant à peine toutes les émotions que j’ai ressenti tout au long de ma lecture et en refermant ce livre. Retour peu évident à faire, il sera à l’image du récit. Brut.


« Le corps d’après » ce sont les mots d’une femme qui n’est pas prête à être mère. Enfin si, biologiquement. Mais qui veut l’être à sa façon, libre de ressentir son être-profond, et tous ces doutes et contradictions humaines. Et féminines. Envoyer un pied de nez à toutes ces formes de bienséances et ces principes de vie qu’on s’impose.


La narratrice parle d’elle et débute le roman par l’annonce de sa grossesse.. cette effervescence autour de sa personne : la joie, la surprise, le bonheur, les félicitations. Tout ce qu’elle est censée ressentir dans ce moment là, les clichés que l’on attend d’une femme heureuse, enceinte. Mais elle, elle est partagée entre ce qu’on attend d’elle et ses sentiments, ceux aux portes de son corps, qui la foudroient et la bousculent par ce qu’ils sont bien réels eux. Elle a l’air même de regretter être enceinte, de ne pas y prendre plaisir. Arrivent le questionnement du pourquoi être mère ? Poursuivre un héritage ? Réparer les erreurs de nos parents ? Ou vouloir enfanter par habitude ?


Puis le changement radical pour revenir dans les souvenirs du début de sa carrière : la pornographie. La rencontre avec son producteur et la brutalité de leurs échanges. Quelle idée de passer de l’accouchement à un entretien d’embauche chez le pornographe… pas de vulgarité, juste la réalité du métier.


Ensuite elle revient dans le présent et sur la violence de la libération, l’accouchement et ce nouveau sentiment de ne rien contrôler, qu’en plus elle en souffre. Puis de nouvelles émotions contradictoires, pourquoi se sent elle vidée maintenant ? Pourquoi ces contractions violentes et viscérales de mère, d’avoir peur que son enfant meurt ?


Les étapes de la vie de femme sont décrites ici sans pudeur et les mots sont tous choisis.. ils viennent des entrailles parfois. La narratrice est tantôt libérée, libertine, épanouie, puissante, vulnérable.. Elle ose dévoiler et assumer un érotisme débridé, caché au fond de chacune de nous. Parfois accompagné d’une violente douceur.


La plume de Virginie Noar est superbe, acerbe et incisive, poétique et intime explorant toute sa sexualité. Elle est aussi brute, belle et puissante, perverse et maternelle.


Mais est-ce peut être là l’éternel quotidien des femmes, leurs doutes et leurs questionnements, leur craintes, leurs entraves et dénis mais aussi leurs intimes besoins. Quand le corps réclame..


Ce récit, auto biographique ou pas, nous intime de nous affirmer, d’envoyer valser le conformisme et d’Osez être Femme avant d’être mère.

Créée

le 12 févr. 2021

Critique lue 43 fois

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