Ce récit co-écrit par sa soeur retrace précisément l'avant et l'après de l'assassinat de Samuel Paty par un terroriste islamiste le 16 octobre 2020. Il a pour but de montrer que le professeur d'histoire-géographie n'avait commis aucune faute vis-à-vis de la loi française en montrant des caricatures de Charlie Hebdo, qu'il avait au contraire pris toutes les précautions nécessaires pour ne heurter personne, et tord le cou à certaines idées reçues sur le contenu supposé de son cours, retranscrit ici fidèlement. Le but premier n'est donc pas de dresser un portrait hommage à l'homme qu'était Samuel Paty et d'en faire un saint, mais de rétablir avant tout l'exactitude des faits et laisser le lecteur en seul juge. Cela rend donc l'ouvrage bien plus pertinent et intéressant que s'il s'était agi d'une hagiographie. Beaucoup de faits sont connus de tous mais pas forcément dans le détail, et les raccourcis souvent employés dans la description de cet évènement tragique jouent parfois en la défaveur de la mémoire du professeur assassiné, et c'est déjà ce que Mickaëlle Paty tente de corriger et réhabiliter, entre autres.
C'est en tout cas un livre révoltant et rempli d'arguments très convaincants sur les manquements de l'administration dans cette affaire, qui a clairement sous-estimé la menace dont Samuel Paty faisait l'objet (une fatwa en réalité) après avoir donné son cours.
Mickaëlle Paty démontre bien entendu l'hypocrisie et la victimisation dont ont fait preuve certains élèves et leurs parents vis-à-vis du cours donné, et s'en tient uniquement aux faits, qui parlent pour eux-mêmes (les mensonges de la jeune fille n'ayant même pas assisté au cours, l'escalade de la violence vis-à-vis du professeur d'abord sur les réseaux sociaux par le biais du père de cette élève, jusqu'à une prise d'ampleur du phénomène dont le contrôle échappe peu à peu à la direction du collège).
Mais le livre alerte et inquiète surtout dans sa description de la situation de l'Ecole publique en général, et en particulier sur son attentisme face à la menace islamiste, paralysée par un climat de peur prégnant à l'époque et toujours d'actualité (le fameux #pasdevague). On apprend par exemple qu'un des collègues de Samuel Paty, quelques jours avant son assassinat, a reconnu publiquement devant les élèves de sa classe que Samuel Paty était allé trop loin et qu'il n'aurait pas dû faire comme il a fait, au lieu de le défendre, ce qui n'a fait qu'exacerber les tensions.
D'après la soeur de Samuel Paty, quatre ans après l'assassinat, peu de leçons semblent avoir été tirées pour lutter contre l'entrisme islamiste à l'école et il est vrai que les atteintes continues à la laïcité perdurent et ont même coûté d'autres vies (Dominique Bernard). C'est très inquiétant.