Libanais, ancien trader, écrivant en anglais, Taleb cite , entre autres, des écrivains, philosophes et scientifiques français, tout en plaisantant de temps à autre nos compatriotes. Confronté tôt à l'imprévisible, à savoir la guerre au Liban, Il mène un riche questionnement sur les mécanismes des prévisions en conclut à leur inefficience dans de nombreux domaines socio-économiques. Selon lui, on applique à ces phénomènes des règles concernant les grandeurs finies, qui se rassemblent autour d'une moyenne comme le poids et la taille des personnes, par exemple. Utiliser ces règles amène à juger impossible un évènement très éloigné de la moyenne, un "cygne noir". En matière de finance, de catastrophe naturelle, de durée d'une guerre ou de ses coûts humains, ces comportements amènent à nier l'improbable.
Taleb questionne ainsi la limite de nos connaissances, celles de tout un chacun tout comme celles des experts. Dans les domaines où l'expertise et impossible et les règles statistiques inutilisables, l'expertise induit un sentiment de sécurité qui conduit à prendre des risques plus importants.
L'essentiel du propos vise à nous rendre conscients de ce que nous ne savons pas.
Le propos est brillant, ponctué de références et d'humour. Il est auto-centré mais l'auteur reste d'une grande humilité. Il conclut sur l'utilité d'une société "robuste" (traduit par "forte") ,où aucune entreprise ne serait "too big to fail", et pour l'application à la vie courante de principes de bon sens, de redondance et de sécurité en ce qui concerne les sujets importants. Il conseille effectivement de lâcher prise sur tout le reste, et la conclusion de l'ouvrage en est rendue philosophique.
Lecture ardue, en anglais en ce qui me concerne, mais pétillante,explorant les diverses facettes de l'imprévisible, allant à contre-courant de beaucoup d'idées reçues. A conseiller à votre banquier... Le lexique de fin d'ouvrage est bienvenu.