Le Déclin de l'empire Whiting par Nina in the rain
Ce petit pavé était sur ma liste depuis un bon bout de temps, mais j'avais comme d'habitude écrit ça dans un coin de carnet et oublié. Lorsque je suis retombée dessus, j'ai eu le plaisir de découvrir que mon dealer préféré l'avait mis en pile sur une table, ce qui a fait que bien sûr il a rejoint ses copains dans ma bibliothèque « à lire ». Il faudra d'ailleurs un jour que je parle de ce harem où les romans se lissent la couverture dans l'espoir d'être le prochain choisi, s'empilent les uns sur les autres, menacent de m'étouffer dans mon sommeil, tout ça pour satisfaire une espèce de pulsion de complétion : plus il y en a, plus je suis rassurée, et quand les étagères se clairsèment je ressens un besoin presque physique de les remplir de nouveau. Il y en a je pense actuellement plus d'une cinquantaine, dont certains sont là depuis plusieurs années, achetés sur un coup de tête ou sur un conseil, dans l'attente du retour non pas de l'être aimé mais de l'état d'esprit nécessaire à leur lecture. Parce que bien sûr on ne lit pas n'importe quoi n'importe quand. Ca dépend du temps, de l'humeur, de l'âge du capitaine... Mais il faut bien choisir son moment, sinon on risque de passer à côté d'un chef d'oeuvre par simple manque d'à-propos. Je m'imagine parfois tel Gaston Lagaffe dans sa caverne de courrier, empilant les livres pour en faire des meubles, des murs, des portes... et plantant au milieu un hamac bien sûr ! Je pense avoir plus d'affection en ce moment pour ma pile en attente de lecture que pour tous ces braves soldats rangés sur les étagères, déjà lus au cours des années. Un intense besoin de nouveauté se fait sentir. Mais il sera peut-être suivi d'une période de repli sur les valeurs sûres, tant il est impossible de savoir de quoi demain sera fait. J'aime regarder ces rayonnages et ronronner d'aise à l'avance à la vue de tous ces chefs d'oeuvres (ou prétendus tels, bien sûr) qui viendront remplir ma tête un jour pas forcément si lointain.
C'est généralement vers la fin d'un roman que je commence à me poser la question de la lecture suivante. Ou bien sûr en cas de voyage, puisqu'il me faut au moins un roman par jour à mettre dans la valise en cas de vacances, et trois par semaines en cas de déplacement professionnel. Là, par exemple, je termine « Même les cow-girls ont du vague à l'âme » et il y a Sylvia de Leonard Michaels dans mon sac qui attend. Un rapide coup d'oeil sur le dépôt légal, janvier 2010, il a été bien patient. Et... et... et... et sa lecture dans les jours qui vienennt n'est pas assurée. Mais bon maintenant que je l'ai annoncé, je vais essayer d'arriver au bout ! Cependant, bien entendu, les derniers arrivés sont toujours les plus sexy, et j'attends un colis de Gallimard avec la Délicatesse de Foenkinos qui pourrait bien lui ravir la vedette s'il est arrivé pendant mon interlude caennais.
Bon, on papote, on papote, et je n'ai toujours pas parlé du Déclin de l'empire Withing que j'ai beaucoup aimé. Chronique douce-amère d'une certaine american way of life, il fait un pendant parfait à mes cow-girls (la chronologie c'est pour les paresseux). On y suit un héros trop gentil, aux prises avec un monde pas si méchant que ça, tout au long d'une vie tranquille et monotone. Et pourtant c'est charmant, on se laisse complètement prendre au jeu, emberlificotés par l'auteur, fascinés par la mère qui se sacrifie, par le père répugnant, par le patron artiste et la patronne infecte. Des stéréotypes ? Oui, un peu. Bon, d'accord, beaucoup. Mais en même temps, que voulez-vous, c'est rassurant de tomber sur des personnages dont on sait ce qu'ils vont faire, un peu comme je le disais en parlant de Dernière nuit à Twisted River. D'ailleurs, je trouve qu'il y aurait d'intéressantes comparaisons à faire entre ce fameux Déclin et les romans d'Irving, Une espèce de vie en dehors du temps peut-être, d'esprit « Nouvelle Angleterre », de pure Josh-itude (comprenne qui pourra).
Bon ce billet était particulièrement décousu, mais c'est votre faute, sans aucun commentaire je ne sais pas si vous me lisez vraiment, du coup j'ai tendance à redonner à ce blog un aspect plus personnel et moins lisse. Bon, ce n'est peut-être pas plus mal...