A l’origine, Empire Falls est un roman écrit par Richard Russo. Mais, le monsieur a également travaillé sur la série en tant que scénariste. Ceci dit, les différences dans la façon d’aborder et de développer le récit sont nombreuses.


Dans l’ensemble et comme bien souvent, le livre est plus complet, plus dense. On ne s’attarde pas uniquement sur Miles non plus. La narration s’en retrouve ainsi enrichi permettant d’un même coup d’aborder la série sous un angle nouveau.


En français, le le titre est : Le déclin de l’empire Whiting. A mon sens, je trouve ce titre plus évocateur que l’autre. On ressent davantage dans le roman la mainmise de Mme Whiting sur Empire Falls. Cette dernière nous apparait alors comme tout les petits villes américaines un peu oubliées: chômage, désindustrialisation, exode progressif, les rêves déchus, la jalouse inhérente au confinement d’une petite ville et à l’éloignement des grandes capitales.


Mais plus que tout, c’est le poids familial dont il est question ici. Un lourd héritage transmis de génération en génération qui fait que l’histoire a tendance à invariablement se répéter notamment chez les Whiting, les hommes de la maison pour être plus précise. De père en fils et sans qu’aucun finalement ne retienne la leçon véritablement, ils contractent des alliances malheureuses qui les apportent certes fortune mais surtout drame et amertume. Et si, les désillusions du mariage sont grandes, les conséquences le sont encore plus.
A un moment, Miles dit que » les habitants d’EF s’étaient tant habitués à l’infortune qu’ils n’attendaient plus rien ». Il est vrai qu’il y a un certain fatalisme qui se dégage de cette ville comme si ces habitants acceptaient bon gré mal gré la tournure qu’avait prise leur vie avec parfois un certain détachement et une terrible résignation aussi.


Miles en est peut-être l’exemple parfait mais dans un même temps, il semble être le seul à avoir trouvé un juste milieu entre son sens du devoir et des rêves. Il parle » de violer sa nature profonde « mais n’en est pas amer pour autant; il arrive même à trouver des sources de satisfaction dans sa vie en se contentant de peu. Ce qui fait de lui la cible idéale de Jimmy le policier.


Depuis son enfance, ce dernier n’a eu de cesse d’envier Miles, la famille de ce dernier, son bonheur quoique fragile. Et, cette jalousie s’est aggravée avec le temps lorsque Miles est allé à l’université. Jimmy veut être l’ami de Miles mais ne peut s’empêcher d’être son rival. Parce que selon lui, son » ennemi » a toujours eu tout ce qu’il voulait alors que lui il ne récolte que les fruits de son paternel qui battait sa mère. On verra en lui l’éternel Jimmy qui cherche des noises à tout le monde par bêtise et envie. On est parfois les dignes enfants de ces parents n’est-ce pas?


Mme Whiting quant à elle, ressemble à une mère macrelle et le mot est faible. Elle me fait penser à un peu à la mafia dans sa volonté de fer d’avoir la mainmise sur la vie, d’avoir la police dans sa poche; et puis, elle a un étrange sens de l’amitié, de l’amour et de la famille. Son personnage m’a aussi fait penser à une citation d’un autre roman où la mère du personnage principal dit à ce dernier: » Dans un mariage, y a celui qui blesse et celui qui reçoit. Y a un bourreau et y a une victime ». Je vous laisse deviner qui est Mme Whiting.


Quand à son fils, quel cruel destin perpétuant là peut-être une sorte de malédiction familiale. Il y a encore ce sentiment qu’il ne peut être autrement; on revient donc à cette notion de fatalisme. N’est-ce qu’une question de volonté ou bien de la naïveté pure et dure de croire que celui qui nous accompagne sur le chemin sinueux de la vie est aussi bon que nous?
Je parlais tout à l’heure d’héritage familial, le petit en est la preuve vivante. La misère, la bêtise, la méchanceté et la violence l’ont poussé à des extrêmes d’une rare violence. D.H. Lawrence disait dans sa Fille perdue que les enfants croyaient toujours faire mieux que les parents mais que bien souvent ils faisaient pire. Peut-être qu’il avait raison, peut-être qu’il avait tord. Finalement, peut-être que tout est une question de chances, de circonstances et de parents.

Missbale974
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le 25 févr. 2016

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