Le dernier jour du Tourbillon, Rodolphe Casso, Aux forges de Vulcain
Le Tourbillon, c’est un bar. Un bar à l’ancienne. Avec ses piliers. Mais le Tourbillon est menacé, le dernier de son espèce dans ce quartier en pleine gentrification. Gus y échoue, par hasard et pas rasé. Il y rencontre les locaux dont Get, LE pilier. Gus est un artiste inconnu, incompris qui vient de quitter sa compagne.
Rodolphe Casso crée l’ambiance idoine. Empreinte de nostalgie, d’humour, de propos de café du commerce… Le Tourbillon est aussi un lieu de rencontres où se côtoient tous ceux qui n’ont rien à faire dans les bars branchés, à soupe, à salade, à que-sais-je-d’autre-encore… Ses héros ne veulent pas abdiquer devant l’inéluctable, la transformation du quartier. Ils savent qu’ils n’y peuvent rien, mais ils résistent.
Le texte est souvent drôle, soit par les réparties de certains des buveurs ; soit par les descriptions du Tourbillon "un bar dans son jus", mais aussi des clients "Gus ne respire pas la gagne". L’auteur se moque gentiment de ses héros qu’il affectionne et qui nous sont également sympathiques. Il décrit ces espaces qui disparaissent, ces PMU -et je pense à un en particulier- dans lesquels on pouvait apporter sa gamelle que la patronne réchauffait contre une commande d’un demi et d’un café. Nostalgique mais pas passéiste, ni c’était-mieux-avantiste, ce texte se déguste lentement, à l’inverse de ses héros qui ont tendance à accumuler les verres sans les apprécier pour leur goût -surtout les derniers- mais pour les sensations qu’ils procurent. Pour ce roman, on prend tout, la dégustation et les sensations.