Amateurs de "feel good books"... Passez votre chemin !

Amateurs de "feel good books" et autres manuels de développement personnels déguisés en littérature, passez votre chemin.

Quand on prend un livre des Éditions Monsieur Toussaint Louverture, on est attiré par le brillant de la jaquette, la douceur du papier. Et pour le côté douceur et brillant, cela s'arrête là.

On sait qu'on s'aventure dans une lecture tortueuse et torturée, d'un livre méconnu et mal-aimé.

Loin de moi l'idée de faire une B-A littéraire, mais plutôt une sortie de ma zone de confort.

Et question inconfort et dérangement, le dernier stade de la soif nous l'étanche...

Au travers ces mémoires pseudo-fictives, nous découvrons un manuel écrit à la première personne de comment parfaitement foirer sa vie.

Cette vie de Fred Exley est collante et crasse comme une table basse après une soirée trop arrosée. Sauf que la gueule de bois dure sa vie entière.

Tous ses choix sont un désastre, guidés par son alcoolisme qui le mène soit à l' HP, soit dans des bars pour mettre les battements de son cœur au diapason des NY Giants mais qui invariablement se termine en bagarre d'ivrognes.

S'il fuit ses responsabilités et ce que le guide du parfait citoyen américain exige de lui, Exley assume tout le reste. Ses échecs, ses sejours à l'asile, sa déchéance, sa violence, sa vision de la femme (et la violence que cela lui inspire).

On ne lirait pas jusqu'au bout si au cours de ces 500 pages il n'y avait pas également une etonnante lucidité et de l'humour : sur lui-même, sur la société américaine (qui résonnent d'ailleurs avec une etonnante modernité), sur les personnages secondaires hauts en couleur.

Difficile de dire qu'à la fin du livre nous aurions eu envie de devenir amis avec ce bonhomme, ni même envie de croiser son chemin. Mais par le portrait ni caricatural ni fardé qu'il fait d'une Amérique standardisée et aseptisée qui fait payer cher ceux qui en sont à la marge, Frederick Exley nous offre une lecture passionnante.

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le 9 avr. 2020

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