Cette lecture fut un défi car le Chick-lit n’est en général pas mon fort … Mais traînant ce livre depuis de nombreuses années, j’étais vraiment curieuse de voir ce que l’original pouvait être au vu de l’excellente adaptation cinématographique que tout le monde connait.
L’écriture est très bonne, on sent que l’auteure est calée en lettres car il y a plein de jolis mots, de belles phrases limpides qui donnent un texte fluide et appréciable à lire. Il a même fallu chercher quelques mots dans le dictionnaire qui m’étaient jusque là méconnus ! Le roman file très vite, on y prend un certain plaisir puisqu’il n’est pas prise de tête, aucune réflexion n’est à faire du côté du lecteur.
En revanche cela se complique avec notre personne principal. Pour moi, elle passe son temps à se plaindre en se mettant des œillères quant aux avantages de sa position (voir la citation ci-dessus). Bien sur Miranda est insupportable à vivre, mais ne pouvait-elle pas se renseigner un minimum sur sa patronne avant d’accepter l’emploi? Puis une fois qu’elle a bien cerné le personnage, elle en a accepté les défauts et vices. Donc je pars du principe qu’elle était ok avec, donc chut. Pour les privilèges que son poste présente, il y a tout de même l’ouverture d’un immense réseau mondain, un accès illimité à des tenues de folies de grands créateurs, et la possibilité d’assister parfois à des événements importants où elle peut côtoyer les plus grandes influences de la mode moderne. Même sans être une fashion addict, sans avoir une passion dévorante pour ce milieu, on doit être capable de s’apercevoir de la chance que cela offre, de pouvoir établir un réseau pour le futur car soyons honnête dans beaucoup de corps de métier il faut une certaine influence ou connaitre des noms. Ou tout simplement pouvoir admirer des merveilles de richesses qui en temps normal nous seraient inaccessibles car bien trop au-dessus de notre milieu social. Bref, tout cela, notre petite Andrea ne le voit pas. Tout ça n’est que pacotille, que des noms brodés sur des bouts de tissus, parfois du cuir mais sans y prêter un brin d’intérêt supplémentaire. Elle jette les noms de grands créateurs sans y porter la moindre valeur si ce n’est marchande … Ce qui m’agace prodigieusement, soyons bien clair. Je vois notre personnage comme égoïste et immature dans ses jugements, ses propos, avec des gestes dénués de compréhension et d’empathie (elle en a pour les sans-abris dans la rue, ce qui est très bien car elle montre l’envers du décor face à tant de richesses, mais cela ne va pas plus loin dans l’action ou la réflexion).
Petit couac dans le récit à mon goût, on nous présente plusieurs personnages au fil du roman au détour des couloirs de RUNWAY. Hors ils n’apparaissent que pour quelques scènes, disparaissent pratiquement de tout le reste de l’histoire alors que l’on vient de lire une double page à leur sujet (comme s’il s’agissait d’un héros principal ou secondaire). J’ai eu l’impression que l’auteure écrivait sans savoir où elle allait, elle tartine au fur et à mesure de ses idées sans réellement avoir une idée fixe de ce qu’elle veux faire. Résultat on a la sensation de bouts d’histoires, des morceaux éparpillés de plusieurs aventures avec un seul dénominateur commun, Andrea travaillant à RUNWAY pour Miranda PRIESLEY.
Au final, une histoire sympathique sans réel fond d’intéret. Une intellectuelle dans le monde du glamour où elle fait « tâche ». Chaque bord se moque de l’autre, l’une ne trouvant pas sa place parmi ce qu’elle appelle des beautés écervelées, l’autre critiquant une fille qui se croit au-dessus de tout alors qu’elle n’a rien de particulier, si ce n’est sa capacité incroyable à râler et critiquer sans cesse. La preuve en est également avec le couple d’Andrea qui se perd au fil du texte car personne dans son entourage n’arrive à comprendre ce qu’elle traverse, ne peut saisir que dans un monde de paillettes il peut également y avoir des charges de travail terribles. Il se peut dans la vie, des fois, que le travail nous demande une priorité que la vie personnelle se doit d’accepter. Je sais que certains ne sont pas d’accord avec ça, et visiblement c’est ce que décrit ce livre, et c’est pourquoi je n’ai pas que des critiques envers lui ! Le roman montre le gaspillage abusif, l’argent phénoménal dépensé pour des caprices alors que dehors des gens meurs de faim. Jolie petite caricature de la société. Classique mais qui fonctionne toujours très bien.
Je suis donc mitigé dans ma lecture. Ni ennui, ni passion, pas de rire, peut-être un peu d’exaspération parfois. Un bon fond mais noyé dans un vide complet de mauvaises situations agacantes.
https://cenquellesalle.wordpress.com/2018/05/13/le-diable-shabille-en-prada-t-01/