il reste un papillon aux ailes glacées
j'ai mis du temps mais j'y suis arrivée et je ne le regrette pas, loin de là.
en effet, si l'alternance passé/présent d'un chapitre à un autre est parfois un peu déroutante, comment ne pas être séduite par cette écriture riche et pourtant simple, imagée, cabotine. car il y a non seulement une histoire splendide mais également une écriture qui l'est tout autant.
on suit donc cette famille, à travers surtout le regard de deux jumeaux, faux jumeaux, Estha et Rahel Kochamma, leurs excellences ambassadeurs E(lvis) Pelvis et M(ouche) Amiel, une banane ou un Va-Va. ils aiment éperdument leur mère, Ammu l'imprévisible et voudrait que Chacko, leur oncle, soit un père par procuration. Ils vivent tous à Ayemenem, en Inde, avec la vieille Mammachi qui dirige une usine de conserve et leur grande-tante Baby Kochamma.
On sait beaucoup de choses dès le début du livre et tout le récit sera un voyage plus profond au coeur des évènements passés pour comprendre. l'écriture joue sur le répétitions, comme les comptines des enfants. on répète, on déforme, inlassablement.
mais le Dieu des Petits Rien c'est surtout l'histoire de drames de différentes natures qui vont confronter deux enfants jumeaux, mais dizygotes, à l'Histoire qui leur dicte qui aimer et ne pas aimer, comment et jusqu'où. Dans une Inde aux traditions perturbées par le marxisme mais gardant son système de caste, ce récit est comme le fleuve longeant la maison: on sait de quoi il est fait mais il nous entraîne toujours vers des berges qu'on ne pensait pas atteindre.