Je viens de refermer Le Diner de monsieur Koch.
Je l'ai lu en quelques jours.
Je devrais sûrement attendre avant de me lancer dans une critique.
Pourtant, il y a une sorte d'urgence. Pas les grandes aspirations qui poussent les gens à crier leur indignation dans leur statut facebook hein, non. Plutôt le genre d'urgence qui impose de remettre à plat la lecture, pour savoir ce qu'on en a vraiment penser. De l'histoire, des personnages, de la crédibilité (et non la véracité), de la cohérence.
Et il faut bien admettre qu'à tous les niveaux, le roman du hollandais tient la route. La construction narrative alterne entre le fameux Diner entre deux couples (deux frères et leurs femmes) et les réminiscences du narrateur comme elles pourraient le saisir au cours de la conversation (il n'est pas explicitement dit que c'est le cas).
Pourtant, il y a quelque chose de gênant dans ce livre. Ou plutôt qui ME gêne. En le refermant, et tout aussi limpide soit-elle, la fin, voir l'ensemble des évènements qui conduisent à elle, me laisse un arrière-goût détestable. Celui de ne pas la concevoir. Je comprends ce qu'il se passe, je comprends les personnages et leurs intentions, je n'arrive pas à les concevoir. A les envisager comme de l'ordre des possibles.
Peut-être requière-t-elle une empathie dont je suis proprement incapable, où un système de valeur qui m'est inconnu (ou inacceptable). Le jusqu'au boutisme des protagonistes m'est intolérable, et c'est peut-être là que le bât blesse. Que l'ensemble perd la cohérence nécessaire à son appréciation.
Pourtant je n'arrive pas à savoir à quel point je (lecteur) suis responsable de cette déliquescence progressive. De qui est-ce la faute si je perds le lien qui me lie au narrateur ? Aux autres personnages ?
Peut-être que quelque part, l'auteur échoue partiellement ici.
Partiellement, parce que malgré tout, il me force à me projeter dans un système de pensée qui n'est pas le mien, et que sur les trois quarts du livre, il s'en sort avec brio. Peut-être parce qu'au final, il ne cherche pas à ce que nous adhérions aux choix de Paul, de Claire, de Bernadette, de Serge, de Michel. Il nous laisse les regarder. Je ne sais pas.
Je reste persuadé pourtant qu'il voulait que l'on comprenne et adhère, quand je n'ai qu'observer avec incrédulité.
Il n'en reste pas moins qu'il propose ici une bon roman, prenant, fluide, nous interrogeant sur l'importance que chacun accorde au lien familial au regard de son propre bonheur, comme de sa place dans la société. Ouais. Et tout ça en un apéro, une entrée, un plat, un dessert, et un pourliche, même si t'y crois pas !
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