A 200 pages près, le Don ne méritait pas une note plus élevée que quatre. Voilà un roman qui concentre les défauts les plus agaçants de la fantasy et qui pourtant parvient tant bien que mal à garder le lecteur en éveil. Suffisamment, tout au moins, pour qu'il veuille connaître le fin mot de l'histoire.

Les personnages pâlots et caricaturaux à souhait ont bien failli me faire refermer ce fichu bouquin dès les 100 premières pages. Chaque nouveau protagoniste débarque avec ses gros sabots et campe un jeu vu et revu : la jeune soeur guillerette, la princesse belle et rebelle, le prince arrogant et cruel, l'adjuvant sorti de nulle part et doté de pouvoirs qu'il ne soupçonne pas, le mercenaire au sombre passé... Et le tout sans parler du héros au coeur droit mais complètement inexpérimenté, propulsé dans une situation qui le dépasse.

Au manque d'originalité des personnages s'ajoute un impair presque impardonnable : une absence totale de profondeur des scènes majeures. Là où George R.R. Martin ou encore Robin Hobb prennent le temps d'installer les intrigues, McIntosh s'en débarrasse en trois coups de cuillère à pot. Volonté délibérée d'installer un rythme enlevé ou absence de maîtrise des fils secondaires de son histoire ? Mystère. Certains apprécieront peut-être de se débarrasser rapidement des circonvolutions pour aller droit à l'essentiel. J'aurais préféré, pour ma part, que Valentyna ne s'amourache pas aussi facilement d'un inconnu, que la mort de Valor ne soit pas aussi rapide, que le passage chez Cailech soit encore plus difficile à gérer, que la maîtrise du corps de Romen ne paraisse pas aussi facile à Wyl... Bref, que l'auteur n'ait pas peur de construire ses héros dans la finesse.

C'est au fond ce qu'il manque le plus à ce roman : de la profondeur, du sens du détail, des doutes, des vrais détours... Alors oui, sans doute cela rallongerait-il la sauce. Mais l'auteur aurait tout aussi bien pu se le permettre sans pour autant voir son ouvrage doubler de volume. Il suffirait en premier lieu de raccourcir ces passages où les héros pensent d'abord ce qu'ils vont dire, puis le disent enfin, redondance sans intérêt aucun pour le lecteur. En somme, McIntosh ne s'appesentit pas sur ce qu'il faudrait.

Reste que l'idée principale du roman, construite autour du don que Myrren fait à Wyl, a un petit quelque chose d'intéressant, de suffisamment intriguant pour pousser à la curiosité. C'est en fait là que se situe l'originalité majeure de l'histoire et c'est à partir du moment où Wyl est enfin amené à en "faire usage" - si l'on peut dire - que l'envie de tourner les pages s'installe enfin... soit aux alentours de la 250e d'entre elles. Ce tournant de l'histoire accroche enfin un lecteur un peu plus enclin à pardonner à Wyl sa naïveté et aux personnages secondaires la facilité avec laquelle ils se lient d'amitié ou retournent leurs vestes.

Difficile, donc, de réussir à se plonger avec pleine satisfaction dans une histoire qui marche avec des béquilles. Le Don laisse un goût d'inaccompli. Et c'est peut-être précisément la raison pour laquelle cette trilogie mérite qu'on lui laisse une chance de faire ses preuves. Après tout, si l'intrigue décolle à la 200e page, les tomes suivants devraient enfin lui permettre de se développer.
AuroreP
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le 20 févr. 2013

Modifiée

le 20 févr. 2013

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AuroreP

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